Glasgow - Ukraine : un nouveau cycle
samedi 17 septembre 2022 par SHAHSHAHANI Volodia
Après la baffe subie à Glasgow en novembre 2021, l’Occident est en train d’en prendre une seconde sept mois après le début de la dite "opération militaire spéciale" lancée par la Russie en Ukraine.
Concernant l’infox écologiste du réchauffement climatique anthropique (RCA) c’était, jusqu’à Glasgow, du "cause toujours mon lapin" pour les plus gros utilisateurs (et producteurs) d’énergies fossiles du fait de l’absence de contrainte. On laissait des Trump et autre Bolsonaro jouer le rôle du méchant pollueur et puis la COP26 a mis fin à la mascarade.
Avec l’OMS russe en Ukraine on a à peu près retrouvé les mêmes opposants à la religion écolo-malthusienne propagée par l’Occident (paupérisation des populations en vue de leur réduction). Résultat : les représentants de 80% de la population mondiale ont ignoré les sanctions anti-russes tout comme ils avaient balancé les préconisations du GIEC.
Le 20% restant n’a qu’un représentant digne de ce nom qu’on l’appelle USA ou OTAN : il pèse encore lourd en matière militaire et économique mais démographiquement ce n’est qu’un petit 5% de la population mondiale. On peut imaginer que le boss saura - pour lui-même - ajuster sa politique énergétique au mieux de ses intérêts et avec le même bon sens que son concurrent chinois : un mixte développé à un rythme raisonnable, les fossiles pouvant encore rester majoritaires au-delà de 2100. Les 15% restants se composent de satellites dont le plus servile est l’ "Union Européenne" (environ 8% de la population mondiale), au sein de laquelle toute pensée stratégique indépendante est interdite.
A l’échelle globale l’opération russe a donc redistribué les cartes et l’hégémonie US n’est plus qu’un souvenir. A l’échelle locale la conclusion du conflit Otan-Russie est encore incertaine sept mois après le début de l’offensive. Il semble tout de même que les menaces à tendance génocidaire qui pesaient sur la population russophone du Donbass sont écartées mais pour la nouvelle configuration territoriale, les incertitudes demeurent : au sud et à l’est une novarossiya comprenant Odessa et la Transnistrie et au nord-ouest une sorte de combinat ukro-balto-polonais totalement otanisé comme il fut autrefois nazifié ?
Si l’OMS russe du 22 février associée au rejet de Glasgow ouvre un nouveau cycle c’est qu’elle en ferme un autre au sein d’une période longue, dite "Contemporaine" (par les historiens français) succédant à la période "Moderne" et à celles du "Moyen Age" et de l’ "Antiquité".
L’ère "Moderne" est un peu plus consensuelle en Europe compte tenu de la concentration de bouleversements dans la seconde moitié du 15ème siècle :
– chute de Constantinople et donc de l’Empire romain d’Orient.
– invention de l’imprimerie par Gutenberg.
– découverte de l’Amérique par Christophe Colomb.
(Evènements suivis au début du 16ème siècle par le schisme protestant)
Commencée donc en 1453, la période "Moderne" se terminerait en 1789 avec la prise de la Bastille ouvrant la période "Contemporaine" que l’on découperait alors en 5 cycles.
Le premier cycle 1789-1848 se poursuivrait jusqu’au "Printemps des Peuples" qui vit en 1848 des soulèvements populaires d’ampleur quasi-simultanés de la Catalogne à la Bohème (non sans avoir traversé des courants contraires : 1er Empire, Restauration…)
Le second cycle 1848-1917 ne peut rester cloisonné en Europe. Le fait majeur de la période est l’holocauste colonial en Afrique et en Asie, accompagné des unifications allemande et italienne, le tout débouchant sur l’affrontement inter-impérialiste de la première guerre mondiale. (Des mouvements contraires tels la Commune de Paris ou la résistance algérienne sous Abdelkader n’infirment pas la tendance générale…)
Le troisième cycle 1917-1973 s’ouvre avec la révolution bolchévique qui, par l’exemple de la victoire sur le nazisme, favorisera les mouvements de libération dans les pays qui avaient été colonisés lors du cycle précédent. A côté du monde devenu bi-polaire (OTAN-URSS) s’ajoute un mouvement des non-alignés, créé à la conférence de Bandoung (1955) avec notamment la Chine, l’Inde, l’Indonésie, l’Egypte.
Le quatrième cycle 1973-2022 est marqué par le coup d’état CIA-Pinochet au Chili. En appliquant militairement la doctrine néo-libérale de l’école de Chicago, l’Occident, de fait les USA, a commencé à installer son hégémonie unipolaire avant l’implosion, 18 ans plus tard, du bloc soviétique qui n’en sera que la confirmation. L’émancipation du Tiers-Monde sera ralentie et, dans le centre impérial, les conséquences sociales sont rapidement affirmées par le TINA (There Is No Alternative) de Thatcher et les Reaganomics : même une social-démocratie pluraliste et redistributrice ne peut être tolérée. C’est ce cycle (qui connaîtra comme les autres des péripéties contraires, telle l’abolition de l’Apartheid en Afrique du Sud) qui serait en train de se refermer.
Le cinquième cycle à partir de 2022 se construit avec le double refus de l’écrasante majorité de la population mondiale de renoncer aux énergies abordables permettant de sortir de la pauvreté et de s’associer aux sanctions anti-russes. C’est le retour des "non-alignés" sous l’appellation BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud) qui constituent aussi d’autres coalitions telles que l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) s’étendant en Asie occidentale (entre autres l’Iran). Cet ensemble ne forme pas un front uniforme mais le rapport de forces démographique en faveur du "sud global" assurerait un rééquilibrage militaire et économique conduisant selon les spécialistes à la fin de l’hégémonie du dollar.
Remarques .
1. Cet essai de découpage en cinq cycles de la dite "Histoire Contemporaine" appuyé sur les rapports de force n’exclut pas d’autres interprétations d’économistes ou de macro-sociologues qui, pour le 20ème siècle, retiennent souvent comme dates charnières la crise de 1929, les chocs pétroliers de 1973 et 1979, l’effondrement de l’URSS en 1991 ou encore la crise financière de 2008.
2. Toutes ces interprétations, y compris le cyclage ci-dessus, demeurant euro-centrées, un nouveau récit sera peut-être proposé dans les prochaines décennies par les pays où se concentre la plus grande partie de l’ Humanité.