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Coronavirus-FR : incurie, incarcération, insurrection ?

mardi 14 avril 2020 par SHAHSHAHANI Volodia

C’est ce que semblent redouter les services de répression du régime pour après le "déconfinement".

Elles risquent cependant d’être déçues, nous ne sommes pas en 1970. Il y a 50 ans la mesure d’enfermement de la population ne serait certainement pas passée comme une lettre à la poste, même si un quelconque virus s’était répandu. En premier lieu le service de santé était encore debout. Ce n’est qu’à partir de 1973 avec le coup d’Etat CIA-Pinochet que les commanditaires, l’Ecole de Chicago (les disciples de Milton Friedman) - ont commencé la contre-révolution néolibérale. On a vu le résultat assez vite, dès 1973 avec le coup d’état organisé par la CIA au Chili renversant le gouvernement socialiste de Salvador Allende. L’effroyable dictature du général Pinochet a pu mettre en œuvre la loi du "marché libre", une antiphrase qui fait encore florès de nos jours.

Imaginons donc que le gouvernement de l’époque se soit essayé à l’incarcération de la population comme le réalise aujourd’hui la dictature macroniste ? Aussitôt nous aurions vu les groupes de la jeunesse militante provoquer des rassemblements massifs, avec bien entendu les mesures de distanciation rendues nécessaires par le dit-virus. Comme deux ans plus tôt, ils auraient alors été suivis par les ouvriers et en fait tous les corps sociaux. En montagne, on aurait certainement assisté à des rassemblements de milliers de randonneurs du col du Lautaret (Hautes-Alpes) aux Confins (Haute Savoie) en passant par Prabert (Isère). Des PGHM ou CRS montagne seraient repartis la queue basse alors qu’aujourd’hui ils se pavanent en hélico !

Le pouvoir n’aurait tout simplement pas pu imposer l’incarcération. Le peuple n’était alors pas désarmé. Dans le contexte de l’affrontement, tel qu’il était conçu à l’époque par les deux camps, à savoir une confrontation violente mais NON LETALE, les forces de résistance disposaient d’une supériorité écrasante, comme cela fut démontré à maintes reprises dans l’avant 68, tant dans les grèves ouvrières que les mobilisations étudiantes, en particulier contre la guerre du Vietnam.

C’est si vrai que le pouvoir de l’époque a dû composer et limiter l’affrontement. Dès les évènements de 68, alors premier ministre, Georges Pompidou prit le relais d’un général De Gaulle momentanément dépassé par les évènements, qui déclara après son discours du 24 mai et les émeutes qui s’ensuivirent "j’ai mis à côté de la plaque". Et le 29 mai le général est parti se faire consoler auprès du général Massu à Baden-Baden

La France est alors complètement bloquée. Pompidou qui a compris que seule une force létale (tanks, aviation) pourrait, à la rigueur, venir à bout du mouvement, met au point une technique d’affrontement plus soft avec un autre dirigeant, qui a aussi compris la nature du mouvement, le préfet de police Maurice Grimaud. Les deux hommes vont réussir à tenir jusqu’à la fin du mouvement avec officiellement seulement 3 morts : le lycéen Gilles Tautin à Flins et les ouvriers de Peugeot (Montbéliard) Henri Blanchet et Pierre Bellot (Il y en eut un peu plus chez les forces de police notamment à Sochaux mais l’ordre fut donné de les taire).

Le mouvement se conclue, sur le plan social, avec les accords de Grenelle et une augmentation de 35 % du smig (rebaptisé ultérieurement smic).

Les années suivantes certaines revendications sociétales trouvent satisfaction, notamment par le mouvement de libération des femmes (MLF) et le front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR), la sensibilisation à l’écologie etc.

On connait la suite. Les années 80, par les "reganomics", le thatchérisme et le "tournant de la rigueur" mitterrandien sanctionnent la victoire de la ploutocratie dans la lutte des classes parfaitement assumée par le milliardaire Warren Buffet "c’est ma classe, les riches, qui a déclaré cette guerre et c’est elle qui est en train de la remporter"

Le peuple a bien été désarmé : les mobilisations ouvrières ne sont plus ce qu’elles étaient et la jeunesse lobotomisée se fourvoie dans les "combats" que lui autorise le pouvoir, y compris lorsqu’il s’agit de contrer un mouvement populaire comme celui des Gilets Jaunes, en lui substituant la chimère du climatisme.

Le désarmement idéologique a été diagnostiqué assez tôt lors de l’offensive neolibérale. On peut lire (ou relire) :
 de Guy Hocquenghem (fondateur du FHAR) la "Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary club" 1986.
 de Michel Clouscard "le Capitalisme de la Séduction", 1981 suivi de "Critique du Libéralisme Libertaire" œuvres prémonitoires dans lesquelles Cohn-Bendit et Le Pen ne font qu’un.

Le Pen a eu sa succession et Cohn-Bendit, pas au niveau, n’a pu que se recaser en coursier de Macron.

Désarmés idéologiquement, nous le sommes a fortiori "militairement", et c’est pourquoi nous risquons de rester longtemps incarcérés.


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