Ce 17 octobre on "fête", si on peut dire, le 60ème anniversaire de la boucherie organisée par la République française contre des manifestants algériens issus des bidonvilles. Ils protestaient contre un couvre-feu imposé aux seuls citoyens d’origine magrhébine. Cette manifestation pacifique avec femmes et enfants fut noyée dans le sang. La police républicaine se déchaîna au point de jeter certaines de ses victimes dans la Seine. Les jours suivants les "prisonniers" furent internés dans des stades où ils subirent de nouveaux sévices.

L’absence de mobilisation du Parti Communiste Français face à ces ratonnades l’a disqualifié auprès d’une partie croissante de la jeunesse militante. Ces évènements ont accentué le rejet déjà perceptible un an plus tôt.

Le 27 octobre 1961, l’Unef, dont la direction était alors qualifiée de "chrétienne de gauche", avait organisé une manifestation au palais de la Mutualité avec pour thème l’ "INSOUMISSION", un mot d’ordre rejeté par le pcf qui se contentait de scander "paix en Algérie" (comme quelques années plus tard "paix au Vietnam" à la place du "FNL vaincra" de l’ "extrême gauche").

C’est à partir de ces évènements que ce que l’on appellera le "gauchisme" (maoïstes, trotskystes, anarchistes ou sans étiquette) prendra progressivement le contrôle du Quartier Latin, jusque là dominé par des groupes néo nazis partisans de l’Algérie française : Jeune Nation (officiellement dissous en 1958) auquel succédera en 1964 "Occident" (avec les futurs ministres Madelin, Longuet, Devedjian).

La passivité du PCF face aux ratonnades de la police parisienne le 17 octobre 1961 sera pour moi la cause de la rupture, en quittant le cercle de la Jeunesse Communiste du lycée Buffon dont j’avais été un des fondateurs un an plus tôt …laissant Axel Kahn, fidèle au Parti (et à Moscou), en prendre la direction.

Le 17 octobre 1961-2021 par Olivier Le Cour GrandMaison