CIAO RIPIDO
jeudi 11 décembre 2008 par SHAHSHAHANI Volodia
Dans le val Pellice, dimanche 7 décembre, au-dessus semble-t-il du refuge Jervis, une énorme avalanche a enseveli et tué quatre skieurs-alpinistes piémontais. (Voir les articles de la Reppublica et de la Stampa)
Federico Negri, Walter Rivoira, Massimo Podio et Marco Capone formaient une équipe extraordinaire en même temps qu’une bande de copains dont on avait le sentiment de faire partie, à suivre leurs prouesses sur le site Gulliver. (Voir par exemple les sorties de Federico Negri ou de Walter Rivoira)
Nombreux sont les rédacteurs de notre site à avoir communiqué avec eux pour des échanges sur les conditions dans les massifs connus des uns et des autres.
Federico Negri a écrit avec Enzo Cardonatti un magnifique ouvrage intitulé simplement RIPIDO. 180 lignes de descente du Viso au Grand Paradis, accompagnées de l’Histoire de la pente (une préface de Stefano De Benedetti), des témoignages et beaucoup d’images. Il est difficile en France de se procurer RIPIDO (ed. L’Arciere, 2006) mais on peut le trouver à La Libreria de la Montagna de Turin.
Federico Negri débute la pente raide très jeune, à 18 ans, et skie de grandes voies telles la nord du Grand Paradis, du Lyskamm ou du pic Sans Nom. Suit une interruption d’une dizaine d’années après la mort de son compagnon de course Ugo Pognante. Il renouera avec les grandes pentes à partir de 2003 et la préparation de son livre avec Enzo.
Il a été aussi pour nous un collaborateur très apprécié pour les pentes raides de Haute-Maurienne du toponeige Vanoise. Nous nous sommes rencontrés seulement le 5 avril 2007 dans un restaurant de Pinerolo avec Federico, Walter et Massimo. Il avait beaucoup neigé, trop neigé pour skier dans le coin : ils envisageaient pour le week-end un couloir dans les Ecrins. Comme j’étais là pour quelques jours Walter conseilla : "c’est dangereux partout ; en tout cas le val Pellice c’est interdit".
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12 décembre 2008 NMO - au Piaget
7 avril 2007. Je pars seul pour le Piaget. Au pied du couloir, des skieurs alpinistes venant du Casset me rejoignent : nous faisons vite connaissance. C’est Walter et Massimo, accompagnés de Jérôme et 2 autres collègues. La journée est un régal : nous faisons l’ascension et la descente tous ensemble, nous plaisantons, nous nous appliquons à faire de beaux virages, nous sommes ravis d’ être en montagne par ce jour de grand beau temps... A la fin de la descente, nous nous saluons tous chaleureusement, persuadés que nous nous retrouverons encore par hasard dans une belle pente....
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15 décembre 2008 Jerome Gingreau - Ciao raggazzi
J’avais rencontre Walter et Massimo il y a 2 ans et demi en remontant le Burlan. Avec Francois et Antoine on etait en forme, et eux en etaient a leur 5 ou 6ieme couloir en 1 semaine (Olan, GAB, etc.), on les avait rattraper a mi-couloir. En haut j’avais pris leurs coordonnees en vue de mon demenagement imminent en Italie. A peine arrive a Turin j’ai immediatement repris contact avec eux, et durant toutes ces 2 dernieres annees ils sont devenus des amis et points de repere indispensables. C’est avec eux que j’ai pris le rythme italien des sorties (pause capuccino obligatoire avant d’arriver au depart de la rando, meme a 4h du mat, et toutes les sorties se finissaient au moins par un panini/coca/biere dans les trattoria en vallees, et idealement par la merenda sinoira avec anchois, pates, grappa caffe etc.) une tres belle ambiance.
Cette saison avait debute magnifiquement avec une belle descente au Viso, en bonne condition comme ca arrive a l’automne. Le 27 novembre j’avais encore fais une sortie vers le Viso avec Massimo, ca manquait de neige et on avait du remettre les peaux a la descente, il en a profiter pour m’expliquer toutes les descentes connues, probables, et improbables de la Gastaldi, punta Roma, punta Venezia, etc. que Walter et lui avaient parcourues, ou tentees. Ce week-end du 5 j’etais en deplacement pour le boulot, et je ne m’attendais pas a de grosse sortie de leur part vue les conditions.
Apres avoir eu la nouvelle, j’ai mis du temps a realiser que c’etait vrai... puis j’ai trouve la sortie de Massimo et Marco du Jeudi, avec toute cette neige ils avaient reussi une descente sur le Barsaias : un couloir rampe diagonale qui debouche sur une facette suspendue, serieux (5.2/5.3) mais surtout expose (2/300m de barre sous la facette). Samedi Walter y est alle voir, mais a fait demi-tour vu les conditions, et dimanche, probablement pousses par le beau temps et le fait d’etre tous ensemble ils ont choisi d’aller voir une variante.
La plaque serait partie spontanement, 150m sous le sommet, alors qu’ils descendaient, et ne laissant aucune chance vue la configuration du terrain.
Depuis une semaine la neige continue de tomber, mais elle n’a plus tout a fait la meme couleur. -
21 décembre 2008 LVO - c’est un séïsme !
C’est un séisme !
Ciao Ripido ! Féderico, Marco, Massimo et Walter disparus ensemble ! Abasourdi encore par ce message de Volodia j’apprend sans comprendre d’abord cet incroyable coup du sort pour nos amis transalpins. Je suis accablé, comme je veux le croire, leurs nombreux frères de pentes. Leur vie passionnante sur les montagnes a marqué et inspiré beaucoup de skieurs alpinistes. Explorant depuis quelques années le terrain de leurs expéditions hebdomadaires en Piémont je reste admiratif de leur sens de la nouveauté, de leur audace mais aussi de leur simplicité et leur modestie. Nous ne nous sommes jamais connu, ni croisé sauf une fois à la Taillante sans le savoir. Pourtant j’ai l’impression de voir partir des êtres chers tant les écrits de Fédérico où les comptes rendus réguliers de sorties de leur groupe de ripidistes respiraient le sens de l’amitié, la joie de l’action en terrain difficile et communiquaient l’envie de suivre leurs traces où de partir comme eux à la recherche de nouvelles lignes. Grand solitaire j’ai pourtant l’impression qu’ils m’ont souvent accompagné entre le Viso et le Grand Paradis.21 décembre ! Toujours rien ! Quelques brefs commentaires et le train train continue . Les skieurs internautes rentrent leurs " petites " courses, échangent sur les forums…tout est normal ! Pourtant non ; c’est un vrai séisme dont l’information n’existe que de manière réduite, perdue dans la masse de la communication de routine . Non c’est impossible de voir partir des camarades de cette envergure sans au moins faire un baroud d’honneur pour saluer leur mémoire et avoir une pensée solidaire pour leurs familles et leurs proches. Je voudrais croire que c’est la pudeur devant la mort qui explique le vide de témoignages. Je voudrais croire que l’indifférence ou la seule préoccupation des affaires personnelles et de réussir une belle saison ne sont pour rien dans cette carence d’accompagnement. Il est encore temps de manifester sa sympathie ou sa solidarité. La crête des Alpes n’est pas une frontière. Un contact est possible par l’intermédiaire de lafiocavenmola.it voir message "souscription"
Les habitués de nos sites prendront la mesure de la perte terrible pour notre communauté alpine en se procurant le magnifique " Ripido " de Fedérico Negri et Enzo Cardonnati . C’est beaucoup plus qu’un guide ou un beau livre. Ils y trouveront hélas ce sommet inconnu des Français, le Mt Bersajas où a eu lieu l’accident, qui n’est que le modeste Pic Traverse au nord du col Séllières ;, sur sa paroi est Fedérico disait qu’il y avait encore à faire… Il faut explorer les archives de la rubrique " ripido " de Gulliver.it pour mieux connaître Massimo, Walter ou Fédérico. Le Métaskirando de Nat ouvre des portes ; poussez les en dehors de nos frontières pour mieux comprendre l’environnement dynamique dans lequel évoluaient Fédérico et ses compagnons.
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21 décembre 2008 LVO - souscription negri
Pour assister Maria Theresa et les 3 enfants de Federico Negri, ses amis ont ouvert une souscription ici
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22 décembre 2008 Eraldo Viada - merci
Merci pour tous ce que toi et les amis francais ont dit au nom des amis italiens de Max, Valter, Federico et Marco.
Merci a vous tous -
23 décembre 2008 LTA - Tristesse
J’ai moi-même attendu avant d’écrire quelques lignes à propos de ce terrible accident qui ne peut laisser indifférent. Federico, Marco, Massimo, Walter, étaient quatre grands skieurs qui ont marqué l’histoire du ski de grande pente de ces dernières années. Ils abordaient la montagne comme nous sommes quelques uns à l’aborder sur Volopress ce qui nous touche encore plus. Federico était devenu mon ami. Une amitié particulière car nous n’avions jamais réussi à nous rencontrer de visu : mails et coups de tel étaient notre moyen de communication et d’échanger sur la montagne. J’éprouve une profonde tristesse suite à cette disparition et depuis 15 jours, il ne s’écoule pas un jour sans que je pense à eux et à leurs proches. Leur esprit m’a accompagné dans ma traversée de chartreuse et bien que grands amateurs de pentes raides, ils auraient été heureux d’être là. Je leur dédie cette course.
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30 décembre 2008 Enzo Cardonatti - Ciao ripido
Chers amis,
Le silence tombé sur cette tragédie est fils du grand vide que Federico, Walter, Massimo et Marco ont laissé en chacun de nous.
C’est pour nous le temps de la compréhension, de la douleur et de la présence à coté des familles de nos amis. Toutes nos énergies sont concentrées sur le soutien de ceux qui sont restés sans mari, ou père, ou frère, ou fils. Croyez-moi, c’est vraiment difficile !
Le mouvement du ski de " pente raide " est resté muet devant la mort : à ce que aucun de nous n’imaginait pouvoir arriver , au grand jamais à nos skieurs les meilleurs, à ceux qui ont fait progresser la discipline, dans ces six dernières années .
Federico, pour son histoire était le point de contact avec le monde du ski de " pente raide ", avec vous, les amis français, des interprètes intenses de la discipline, mais aussi avec beaucoup d’autres passionnés italiens.
Massimo et Walter étaient ceux qui interprétaient plus que d’autres la découverte de nouveaux itinéraires dans nos vallées , Marco jeune Guide de Haute Montagne suivait depuis quelques temps les traces des amis, avec l’enthousiasme typique des jeunes " gascons " .
Mais ce n’est pas encore le temps des paroles, des souvenirs, des célébrations aussi parce que nous n’arrivons pas à penser notre petit monde sans eux, sans leur gaieté modeste, sans leurs projets à partager ou à admirer.
J’ai reçu dans ces jours des centaines de mails et d’appels téléphoniques , toute une communauté d’amis s’est réunie autour de leurs familles.
La souscription a eu beaucoup de succès , comme témoignage de la valeur et de l’estime que nos amis avaient gagnée avec leurs actions et leur simplicité.
Le moment viendra où on retrouvera la force pour leur rendre un juste tribut d’éloges, on se regroupera pour rappeler la valeur, la sympathie, le courage et l’amitié.
Nous devrons aussi trouver le courage de continuer leur projets, de réaliser leurs rêves et ça ne sera pas facile.
Vous, de Volopress, vous serez les premiers à être contactés , j’espère qu’on se retrouvera ensemble dans le signe de cette passion que nous partageons et dans la mémoire de nos quatre amis.
Tous ceux qui voudrons recevoir de nouvelles ou garder les contacts, pourront le faire en écrivant à ripido
Merci encore pour votre solidarité et pour votre amitié, je transmettrai aux familles vos témoignages d’estime et d’affection.