Les aplats de couleur jaune qui représentent les zones glaciaires disparues ont fait leur apparition. Si pour un néophyte, il est difficile d’évaluer l’ampleur des dégâts, on comprend cependant à la lecture de cet article "Nouvel Inventaire des glaciers des Alpes Françaises. Premiers résultats" que la situation dans les Ecrins est particulièrement marquée. On y apprend que les glaciers du massif enregistrent un recul de 37%.

Les glaciers, du Rateau à celui de l’Homme, voient leur front remonter. En gros de 2600m à 2800m pour le Tabuchet, 2500m à 2600m pour le Lautaret ou encore de 2800m à 2900m pour la Girose. Le glacier de la Selle est définitivement rompu en deux et la partie inférieure du glacier est en sursis. Le glacier de la Plate des Agneaux n’a pas trop bougé mais c’est dans le haut que les choses se gâtent. Certains se sont assagis comme le mal nommé de la Tombe murée qui présente un visage nettement moins tourmenté. Enfin, le plus vaste d’entre eux, le glacier Blanc offre un nouveau visage en aval, mais pas de surprise de ce côté-là.

Les fronts glaciaires déjà peu épais ont disparu comme celui du glacier du Chardon. Le glacier de la Pilatte a rétréci causant des dégâts au refuge. D’autres glaciers, d’importance moindre, ont disparu ou ne sont pas loin de l’être : glacier de la Vera Peroz, glacier d’Alvau. Le cirque du Soreiller n’en dénombre quasiment plus. Le peu qui reste a été rebaptisé "ancien glacier de…". Le glacier du Plaret serre les fesses. Le glacier de la Gandolière résiste encore mais globalement le vallon du Chatelleret a bien souffert. Et puis en remontant vers le nord jusqu’au glacier des Etançons, on tombe sur une incongruité. Sur la nouvelle édition, la partie du glacier situé au pied de la face sud de la Meije s’est raidi de manière impressionnante et semble même avoir gagné de l’altitude. Quelqu’un aurait-il une explication ? Un problème dans l’équidistance des courbes de niveau ?

Bon nombre de couloirs autrefois englacés toute l’année ne le sont plus : couloir N de la somme, brèche de Charrière, couloir N du Diable, coup de Sabre, pic Sans Nom, cols de la Pyramide, couloirs N de Vaccivier etc.
Cependant cette nouvelle édition n’est qu’une actualisation sur le papier d’une situation constatée sur le terrain depuis plus de 30 ans. La mesure du recul glaciaire rend compte en effet de l’évolution entre 1975 et 2009, année des derniers relevés.

Enfin pour se rendre compte de la diminution en épaisseur des glaciers, il faut comparer l’altitude des courbes de niveau au même endroit avec une édition antérieure. Avec la précédente édition de 2003 (donc de 1975), on constate, à la louche, une diminution de 20 à 30m comme sur le glacier de la Girose à 3200m ou encore de 20m environ sur le glacier Blanc au pied du refuge des Ecrins.

Cette mise à jour est bienvenue mais on peut d’ores et déjà penser qu’elle va être rapidement obsolète.

Source : www.ign.fr