Pierre Gignoux et Stephane Brosse, sur la brêche depuis un mois pour guêter les bonnes conditions, prendront le départ ce vendredi 30 mai à 6h00, de Chamonix, place de l’Eglise. Leur objectif est double :

– battre le record actuel détenu par le marathonien suisse Pierre-André Gobet, 5H10’ réalisé le 21 juillet 1990.

– établir de nouvelles règles éthiques pour ce record, en particulier en s’interdisant de se faire déposer le matériel.

Pierre et Stéphane porteront leurs skis et leur chaussures, à la montée et à la descente et auront sur eux le matériel de protection (vetements) et de sécurité (baudrier, arva). L’assistance sera limitée à la trace et à la distribution de la boisson (2,5 l) et des barres (100 g). "L’intérêt, dit Pierre Gignoux, est d’établir une règle que les suivants pourront respecter. Sur un aussi long parcours on ne pourra jamais vérifier si tu as quelqu’un pour te donner à boire, voire que tu aurais toi-même déposé des bidons lors de tes reconnaissances. Pour la trace c’est la même chose, comment savoir si elle a été réalisée spontanément ou si elle a été commanditée ?"

Au total, le handicap transporté (par rapport aux coureurs précédents) sera de 5 kilos, skis et chaussures compris ! (l’expérience de Pierre et Stephane en compétition va payer ici aussi). Le plan de marche est calculé pour crever le mur des 5h00. Dans l’idéal, les temps de passages seraient les suivants :

A la montée. Chamonix-1050, 6h00 - tunnel-1270, 6h15 - neige-2200, 7h00 - dessus gds mulets-3200, 7h45- pied face nord-4200, 8h45 - sommet-4810, 9h45

A la descente. Sommet-4810, 9h45 - pied face nord-4200, 10h - fin de la neige-2200, 10h15 - tunnel-1270, 10h40 - chamonix-1050, 10h55.

Au total, 3h45 pour monter et 1h10 pour descendre, là où PA Gobet avait réalisé respectivement 3h38 et 1h32.

Commentaire. Les temps de montée avec skis paraissent très rapides, en particulier dans la section 2200-4200 (1h45) alors que le gain en descente procuré par les skis n’est pas énorme (une demi-heure au total). C’est que les conditions cette année ne sont pas bonnes pour un record, on peut même dire qu’elles comptent parmi les pires qu’on ait connues depuis pas mal de temps. En année normale (et non exceptionnelle), on peut en effet espérer avoir fin mai : une bonne face nord en grains fins, sans glace ni sérac à contourner ; une jonction qui passe comme une lettre à la poste et enfin la neige vers 1800 m. On est loin du compte cette année, d’autant que depuis l’établissement de ce plan de marche, la neige a encore reculé à 2300 m et qu’il y a au-dessus quelques zones de déchaussage. "Dans ces conditions, estime Pierre Gignoux, on sera même content si on ne met qu’une demi-heure du sommet à la fin de la neige".

Appel au peuple. Ceux qui sont intéressés par cette tentative qui allie éthique et performance, peuvent se rendre sur place. Le travail principal consistera à faire (et refaire) une bonne trace, surtout entre les grands mulets et vallot, après le passage des randonneurs de la veille. L’appel s’adresse bien entendu à des skieurs-alpinistes expérimentés, parfaitement autonomes en terrain haute-montagne. On peut joindre Pierre Gignoux sur son mobile : 06 07 95 27 16

NB : Pierre et Stephane qui avaient aussi souhaité que la couverture media n’use pas de l’hélicoptère seront comblés. Tous les vols sont interdits. Le G8 aura au moins servi à quelque chose...