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Le ski-alpinisme, bientôt épreuve olympique ?

vendredi 4 mars 2011 par EICHINGER Cécile

La Grande Course est un nouveau circuit international rassemblant cinq épreuves de ski-alpinisme. Et non des moindres puisqu’il s’agit de la Pierra Menta, de l’Adamello, de la Mezzalama, du Tour du Ruitor et de la Patrouille des Glaciers. A l’issue des deux saisons 2011 et 2012 (la Mezzalama et la PDG ayant lieu une année sur l’autre), un " champion " sera désigné. Pour être classé sur ce circuit, les concurrents devront s’acquitter d’une " carte " sous forme de clé USB. Pour certaines épreuves, sans que soit précisé lesquelles, la carte constituera un pré-requis obligatoire pour s’inscrire. Un fonctionnement expliqué de manière peu claire sur le site.

Chacune de ces épreuves n’a pourtant pas besoin d’appartenir à un circuit pour renforcer sa notoriété. La Pierra Menta, en premier lieu, qui joue tout le temps à guichet fermé. Dans un communiqué de presse, les organisateurs de la Grande Course précisent que " ce projet sera le futur et le point de repère du ski-alpinisme international ". Cela ressemble à un pied de nez adressé à l’instance internationale qui gère le circuit de compétitions mondiales, coupe du monde et championnat du monde, l’ISMF. Les organisateurs de la Grande Course vont même jusqu’à la désigner " championnat international du ski-alpinisme ".
Aucune des cinq épreuves de la Grande Course n’est homologuée par l’ISMF ou plutôt ne l’est plus. La Pierra Menta qui avait été en 2009 une étape de la coupe du Monde n’apparaît pas dans le calendrier international de la saison 2011.

De son côté, l’ISMF vise clairement l’adoubement olympique. Une reconnaissance qui suppose que l’activité soit " largement pratiquée à travers le monde ". L’ISMF y travaille comme, récemment, en Turquie ou en Chine en organisant des stages et aidant au développement de la discipline dans ces pays émergents. Ainsi aux derniers championnats du monde qui se sont tenus à Claut, 21 pays étaient représentés avec des disparités criantes de niveau et de nombre d’athlètes. Une disparité qui se reflète dans le calendrier international peu équilibré géographiquement : une épreuve se déroule en Corée et une autre au Japon contre onze en Italie.

Pour répondre aux exigences olympiques, les épreuves ont évolué et de nouveaux formats ont vu le jour : le sprint, dernier venu des épreuves de la coupe du monde, est maintenant associé à l’épreuve individuelle courue en général le lendemain dans un système de bonifications/pénalités comme dans le combiné nordique. Lluis Lopez-Leiro, président de l’ISMF, est clair sur la nature des épreuves qui ont le plus de chance d’être estampillées " JO " : " Des épreuves comme la Vertical Race devrait intéresser. Mais aussi le relais et le sprint. Une course en montagne, non ". Un " non " qu’il modère cependant précisant qu’ "André Dugit (le directeur technique de l’ISMF) est en train d’élaborer un modèle compatible avec les contraintes du CIO ".

Dans ce contexte, les épreuves de la grande Course dont on devine qu’elles sont loin d’être " olympico-compatibles " font figure de " village gaulois ". A l’origine pourtant, l’idée d’unir " les cinq compétitions de ski alpinisme les plus célèbres du monde afin de dynamiser le ski-alpinisme à l’échelle de la planète " est né de l’ISMF mais " le projet a été refusé par la majorité des nations adhérentes à la Fédération Internationale " à la dernière assemblée générale de l’ISMF en juin 2010.

Une position qui peut néanmoins se comprendre pour les " petits " pays, les plus nombreux par ailleurs, car à part la Suisse, l’Italie, l’Espagne et la France, aucun ne peut aujourd’hui aligner une équipe étoffée que ce soit en nombre et en niveau (et encore moins en athlète féminine). Une conséquence est la disparition des épreuves par équipe en coupe du monde devant le difficulté pour la plupart des pays de pouvoir aligner deux co-équipiers de niveau homogène. La course en équipe demeure néanmoins aux championnats du monde.

Deux courants opposés semblent donc se dessiner aux manettes du ski-alpinisme mondial de compétition. L’ISMF vouée à l’obtention du sceau olympique et les organisateurs des grandes épreuves traditionnelles qui, il est vrai, ont contribué à la médiatisation (relative) de la discipline. D’ailleurs ces derniers entendent " donner suite aux exigences sportives légitimes des athlètes, […] et sauvegarder les principales valeurs du ski-alpinisme moderne ".

On peut justement s’interroger sur les souhaits des compétiteurs et sur les valeurs du ski-alpinisme dit moderne. Aucun coureur ou presque ne vit de son sport aujourd’hui. Est-ce que la plupart ne rêvent pas, au contraire, d’une reconnaissance olympique ? Entre la grande épreuve traditionnelle par équipe et le sprint de 3 minutes, est-ce qu’il n’y a pas la place pour des formats intermédiaires ?

Sources :
Kairn.com/Olympic.org/Skimountaineering.org


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