Editions Volopress : la collection Toponeige, l'actualité du ski de rando, les infos montagne et neige dans les Alpes.
[territoires] Infos

VILLE-MONTAGNE : contradictions ou antagonismes

jeudi 19 avril 2007 par SHAHSHAHANI Volodia

L’affaire des piquets du Chapotet (voir la discussion) révèle de réelles contradictions entre deux usages de l’espace montagnard. Ces contradictions sont-elle antagoniques ? Le citadin comme le paysan concourent à l’entretien de l’espace rural.

 L’agriculture de montagne bénéficie d’aides importantes eu égard à ses handicaps naturels, notamment depuis l’instauration en 1972 de l’ISM (indemnité spéciale montagne) : une reconnaissance du rôle joué par le paysan dans l’entretien de la montagne. Selon une étude du CEMAGREF et du SCEES de 1999, cette aide pouvait représenter jusqu’à deux fois le revenu agricole.

 Le citadin, en tant que contribuable, contribue donc à cette forme de soutien qui apparait légitime quand on sait les difficultés de l’exploitation en montagne. En tout cas bien plus légitime que les subventions, autrement massives, accordées aux grandes entreprises agro-industrielles lesquelles faussent le jeu de la concurrence avec les agricultures des pays pauvres quand elles ne les détruisent pas.

 Le citadin participe une seconde fois à la préservation des espaces "naturels", en acceptant de s’entasser dans des "agglomérations" polluées, voire criminogènes. Ce faisant, il évite le mitage du territoire. Il est donc aussi chez lui lorsqu’il décide de se ressourcer par une balade en montagne. En termes plus économiques, on dirait que c’est pour lui une façon de reproduire sa force de travail.

 le citadin participe une troisième fois à la préservation de l’espace : en acceptant de vivre dans des poudrières (usines chimiques, centrales nucléaires, barrages en amont etc) il est le plus vulnérable aux risques de représailles venant de pays agressés par les cinglés qui conduisent actuellement le pseudo "choc des civilisations" (en fait le contrôle du pétrole) au nom de l’Occident.

 Ayant payé trois fois son tribut, il n’y a aucune raison que le dit-citadin fasse du travail bénévole, comme du portage, l’installation-désinstallation de clôtures etc. au seul profit de l’exploitant. En revanche sur des sujets d’intérêt commun, des collaborations devraient être possibles.

 Problèmes de stationnement en été et plus encore en hiver. J’ai déjà eu l’occasion à maintes reprises (dans les livres comme en ligne) de déplorer l’irresponsabilité qui prévalait à ce niveau. Et en particulier de considérer que cette forme d’accueil ne devait pas incomber à de petites communes réceptrices de cet afflux mais aux responsables des agglomérations émettrices de touristes. A Grenoble, par exemple, les fonds de l’enveloppe montagne dépensés pour l’essentiel à des fins de promotion politicienne, trouveraient là un emploi plus conforme à la notion de "service public".

 Entretien et débroussaillage. Trop de zones de montagne sont envahies suite à la déprise agricole et c’est une gêne pour tous notamment les promeneurs qui évoluent à skis. Il doit être possible de faire ces travaux en commun, à condition que tous les facteurs soient pris en compte afin d’éviter les risques (érosion torrentielle, avalanches etc.). Il faudrait sur un site donné, réunir toutes les compétences : de l’exploitant au randonneur en passant par le chasseur, le représentant d’une APN, le nivologue…

 Ces diverses contradictions ne sont pas nécessairement antagoniques. D’autres peuvent le devenir, comme les contradictions chasse-promenade, exploitation forestière-promenade, élevage ovin intensif-promenade et bien sûr tourisme industriel-promenade. Le promeneur ne dépensant pas d’argent, il est le dernier à être défendu par les politiciens. Dans le cas de la chasse par exemple, l’ "arbitrage" peut se faire de la façon suivante : on déclare une zone "sensible", on l’interdit à la promenade mais on l’autorise à la chasse. La contradiction devenue antagonique ne peut alors se résoudre que par le rapport de forces. La position du promeneur acculé sera alors d’empêcher la chasse afin que les espèces menacées n’aient plus à craindre la présence de l’homme.

(article écrit le 13 février 2007, resté en attente et mis en ligne ce jour)


Messages et Commentaires ...
  • 29 mai 2007 zoupli - réponse ou ajout

    Puis-je me permette de donner le lien à mon blog qui dans sondernier billet traite de ce sujet :
    http://echo-des-monts.blogspot.com/


Proposer un commentaire

accueil | espace privé | site sous SPIP