Les derniers évènements du Niger surgis sur le continent le plus jeune et réputé un des plus riche en ressources minières ne sont probablement que le début d’un processus aussi prolongé qu’incertain, à court-moyen terme et même à très court terme. Au niveau stratégique, en revanche, c’est clair comme de l’eau de roche : abolition de l’hégémonie des colonisateurs qui, tôt ou tard, sera sanctionnée par un "Nuremberg" de la dite "civilisation" occidentale, caractérisée dans l’histoire contemporaine par l’holocauste colonial.

Au présent, après le putsch du 31 juillet on a assisté à des réactions contradictoires notamment chez les adversaires du groupe militaire qui a pris le pouvoir :

– Intervention armée évoquée par l’occupant. Macron dans le texte : "La France ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts" et…répliquera "de manière immédiate et intraitable".

– Simultanément la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) lance un ultimatum pour remettre en selle le président déchu dont le défaut entraînerait une intervention armée. Mais plusieurs pays, notamment le Burkina Faso et le Mali, rejoints par la Guinée, qui ont rompu avec l’ancien colonisateur, se déclarent solidaires du Niger sous administration militaire avec le soutien du voisin du nord, l’Algérie.

Du coup, même le plus gros pays de cette association (Nigeria, 200 millions d’habitants, 400 annoncés pour 2050) et dont le président voulait aussi en découdre doit tenir compte de l’opposition de ses sénateurs. Le discours belliciste initial de la présidence française se mue en "dialogue diplomatique" pouvant cependant conduire à une intervention armée…dixit la néocon US, co-organisatrice du putsch Maidan dans l’Ukraine de 2014, Victoria Nuland.

La situation évolue cependant au jour le jour et rien n’est acquis en ce 12 août 2023, une intervention militaire (d’obédience occidentale via cedeao) ne pouvant encore être exclue.

La Russie n’est pas absente du continent, les pays récalcitrants sus-nommés sollicitant parfois ses mercenaires en remplacement de ceux du régime français qui ont failli dans la lutte contre les groupes takfiristes. Les Africains se souviennent aussi que l’URSS s’était trouvée de leur côté contre le colonialisme occidental (FR, UK, BE…) d’où le report de leur sympathie vers l’actuelle Russie avec pour mot d’ordre principal des manifestations de Nigériens : "A bas la France et Macron, Vive la Russie et Poutine". Et sur un plan économique, la coopération sino-africaine qui ne date pas d’hier est une autre source d’inquiétude pour l’(ex-)hégémon US et ses larbins européens.

En dépit de ces incertitudes, l’Afrique est bien une composante majeure de l’histoire contemporaine telle que définie ici en 5 cycles.. Victime de l’holocauste colonial au 19ème siècle (cycle 2), momentanément libérée au 20ème après la seconde guerre mondiale (cycle 3), puis à nouveau "néo" ou "post" colonisée depuis la contre-révolution néolibérale (cycle 4).

L’une des récentes opérations anti-africaines a été en 2011 la destruction de la Libye décidée par le gang français de Sarkozy (avec ses ministres Fillon, Juppé, Longuet) pour maintenir le privilège de la monnaie coloniale le franc CFA que le dirigeant assassiné (Kadhafi) s’apprêtait à remplacer par une monnaie panafricaine indépendante.

Un historique plus complet sur la "Françafrique" par Brad Pearce sur le Craddle est traduit ici.