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[cotation] Courses

Cotations : questions parfois posées

dimanche 8 novembre 2009 par SHAHSHAHANI Volodia

Après la sortie de Chablais et Mont-Blanc, des régions où la cotation TOPONEIGE est moins connue que dans le Dauphiné, j’essaie de répondre à des questions parfois posées (QPP).

Question. L’échelle mise en place il y a près de douze ans fonctionne-t-elle de manière homogène dans tous les massifs ?

Réponse. A la fin de 2008, hors rééditions, nous en étions à 12 volumes, soit environ 2000 courses de base et 6000 en tout avec les " variantes " importantes, de la Provence au Chablais. Sur l’ensemble on peut dire que 50% des courses sont " bien cotées " (en tout cas non discutées), à peu près autant correctes à une valeur près et donc seulement 1 ou 2% avec un écart de deux échelons. Pour ce qui est d’un écart d’un point il sera difficile de faire mieux. Et quand c’est deux points, ça saute à la figure, le collectif corrige aussitôt. Voir définitions ici

Q. Où et comment ?

R. D’abord sur le site (volopress.net). D’où l’importance de l’homogénéité de l’équipe et de fréquents échanges entre les rédacteurs, sur le terrain comme en dehors. Nathanaël Schaeffer (NAT) a mis au point un " cotquiz " que nous utilisons pour le moment seulement en interne et à titre indicatif. Ensuite, nous nous donnons du temps pour refaire une évaluation avant la réédition d’un toponeige.

Q. Cela concerne surtout le ski de pente raide ?

R. Principalement mais pas seulement. Les charnières 2.3/3.1, 3.3/4.1, 4.3/5.1 ne sont pas toujours évidentes.
Les niveaux 1 et 2 sont théoriquement de même difficulté technique mais se distinguent par le dénivelé, l’exposition et le danger (en particulier d’avalanche). Ce risque dans le niveau 1 n’est pas nul, mais en général il disparaît assez vite à cause de l’altitude, de l’orientation ou de la nature du terrain.

J’ai aussi voulu éviter un écueil dans lequel sont tombés certains topos d’alpinisme. En gros : ceux qui font les cotations sont presque toujours des gens qui évoluent d’un bout à l’autre du spectre. Ils ont souvent tendance à tasser les niveaux inférieurs pour s’accorder un maximum de finesse dans les niveaux supérieurs. Un exemple. Après une ascension du pic du Clapier du Peyron par le Valsenestre, nous descendons sur le versant Muzelle (arête est) : des passages à plus de 55° d’herbe et de rochers ronds où aucune assurance n’est possible, cotation F (facile). En dessous, nous voyons des randonneurs évoluant pratiquement à plat sur le sentier du col de la Muzelle, cotation, R (randonnée). Soit un seul niveau de différence dans le guide des Ecrins.

Q. L’inclinaison n’explique pas tout, particulièrement dans les courses dites faciles ou moyennes

R. Pas seulement l’inclinaison ; même la cotation n’est pas le facteur principal présidant au choix d’une course facile. Il est plus important ici d’expliciter les conditions dans lesquelles telle course vaut 1.2 ou 2.2 : le remplissage, la probabilité de rencontrer tel type de neige, une petite remontée etc. Tout n’est pas quantifiable. J’ai eu l’occasion ces dernières années de l’expérimenter. Par exemple j’ai eu plus de facilité à skier (montée et descente) le pas de l’Œille à la dent de Crolles (4.1) que les portions de chemin sur le pic Saint-Michel ou Chamechaude, le tout avec la même qualité de neige. Vu le type de handicap physique que j’avais, la difficulté se jugeait de la façon suivante : ce terrain réserve-t-il des surprises, des gestes brusques imprévus ? Si c’est oui, alors c’est difficile, si c’est non, c’est facile. Mais il n’est pas certain que le jugement d’un " expert handicapé " corresponde à celui d’un " débutant valide " : d’où la nécessité de réunir une variété d’avis avant de poser une cotation.

Q. Les courses de niveau 1 sont en nombre réduit dans les différents toponeiges, pourquoi ?

R. Souvent les pentes les plus évidentes et les plus sûres ont été accaparées par le ski mécanique. Ces terrains sont parcourus en peaux de phoque en début ou en fin de saison quand les stations sont fermées. D’autres pentes non équipées correspondent à des itinéraires que les randonneurs locaux parcourent l’été : pour les plus connus il n’est pas nécessaire de reprendre une description complète pour l’hiver. Il ne nous paraît pas non plus indispensable de lister toutes les pistes forestières où l’on va se promener à skis de rando (alpin ou nordique) comme à raquettes quand la haute montagne est dangereuse. Mais nous tenons à conserver dans chaque massif une sélection de courses peu exigeantes physiquement et peu risquées, mais intéressantes pour le ski et le paysage. En général ces courses se déroulent en moyenne montagne mais dans certains massifs un refuge bien placé sur un itinéraire peu raide, souvent orienté sud et non dominé par des parois dangereuses peut permettre l’initiation au-dessus de 3000 m.

Q. Pour un même niveau, dans les courses difficiles, on aurait affaire à des choses différentes ?

R. Quelquefois c’est la continuité qui va forcer une cotation, d’autre fois l’exiguïté. Des traditions variables selon les massifs, les skieurs, les profils de pente sont des facteurs d’hétérogénéité. Par exemple certains (notamment des Dauphinois) ne surcotent pas les couennes tordues et exposées mais sont impressionnés par les grandes " pages blanches " très raides, là où le regard ne peut se fixer et où la monotonie peut faire baisser la concentration. A l’inverse, les forts " riders " familiers du Mont-Blanc accordent moins d’importance à l’inclinaison et ont tendance à coter la " répétabilité ". Il faut s’efforcer d’harmoniser toutes ces approches.

Q. On est parfois surpris des cotations d’un massif ou d’un toponeige à l’autre.

R. Il est arrivé pour certains toponeiges que nous n’ayons connaissance que d’un unique parcours de telle face ou couloir. Dans ce cas l’auteur de la descente propose une cotation et nous essayons par rapprochement avec d’autres massifs, connus de tous, de " placer " la course. Mais l’appréciation de la difficulté varie avec les skieurs, même lorsqu’on a neutralisé la qualité de la neige, le remplissage et d’autres facteurs parasites. Le même skieur, sur une pente donnée qu’il répète à peu d’intervalle avec des conditions identiques est déjà hésitant entre deux niveaux. La confrontation avec d’autres skieurs peut permettre de trancher ou au contraire compliquer encore le problème. Alors, d’un ensemble auteur-massif-toponeige à un autre, il faut pas mal de temps et d’allers-retours. Maintenant c’est tout de même plus facile qu’il y a dix ans : les skieurs de ce niveau voyagent, se rencontrent et échangent leurs expériences. En 2008 et 2009 on a vu pas mal de sorties entre Dauphinois et Savoyards.

Q. L’échelle est ouverte vers le haut. Le maximum actuel devait se trouver dans le massif du Mont-Blanc, on parlait de 5.6

R. Il y a eu beaucoup de discussions sur MBL que nous pensions devoir être le juge de paix pour la cotation du raide dans les Alpes. Avec Lionel Tassan, l’auteur, et Pierre Tardivel son principal collaborateur, nous avons fait des simulations pour une hypothèse plafonnant les courses connues à 5.6 et une autre à 5.5. C’est cette dernière qui a été retenue. Si l’on relit ce qui a été écrit au début (BEL 1° édition, 1997) on s’aperçoit qu’il y avait - c’était volontaire - deux niveaux de transition, le 5.3 et le 5.5. Dans le premier cas, la Grande Aiguille de la Bérarde (ENO) était un 5.2 majoré à 5.3 pour la longueur et l’engagement et se trouvait donc coté un cran au-dessus du couloir Piaget aux Agneaux (très comparable pour la pente) et surtout de la NNE des Courtes, un peu plus raide mais plus " facile " à skier. Idem pour l’arête de Peuterey, un 5.4 majoré à 5.5 pour l’ampleur et les changements d’orientation mais ne pouvant techniquement aller dans le même sac que les courses les plus difficiles, toutes maintenant regroupées en 5.5.

Q. Ce tassement au sommet de la pyramide risque-t-il d’avoir des répercussions sur l’ensemble du système ?

R. Le but c’est qu’il n’y ait pas de perturbation. S’il doit y avoir des réajustements le Mont-Blanc sera traité comme un massif parmi les autres.

Q. Le Mont-Blanc n’a donc rien d’exceptionnel, on trouve déjà des 5.5 dans d’autres toponeiges ?

R. Il n’est pas prouvé que le Mont-Blanc, voire les massifs cristallins, offrent les pentes skiables les plus raides. Peut-être se trouvent-elles dans les massifs calcaires d’altitude, comme l’Oberland ? Pour ce qui des " 5.5 " répertoriés dans les toponeiges il n’y a pas (pour le moment) la même concentration : on en trouve six dont trois erronés (variantes comprises) dans les publications antérieures à MBL et quatre dans ce dernier (sans compter les variantes). Dans ABC, les deux voies dures de Blonnière sont en variantes et elles ne sont pas cotées ; mais nous disions, citant Tardivel et Bibollet, qu’elles dépassaient peut-être le niveau 5.4, maximum alors connu dans les toponeiges consacrés au Dauphiné. Le pilier (appelé aussi " Eperon des Ephémères " par son ouvreur, Tardivel) a été souvent repris, notamment par des Dauphinois qui confirmaient qu’il était bien un cran au-dessus des couloirs des Ecrins. Le 5.5 de l’arête nord du Sirac (toponeige ESU) ne semble pas usurpé, pas plus que celui de la face ouest du Viso (en variante mais coté dans le toponeige QUE).

Q. Donc trois sont maintenues. Et les trois autres ?

R. Passons sur la tête des Ombres dans le Dévoluy (toponeige ODA) : la course décrite n’est pas celle qui est reprise maintenant, beaucoup plus logique et sortant à la tête de Lapraz (5.2). Lors de la rédaction du topo, il n’y avait eu qu’un passage, celui du regretté Gérard Jund : pour lui, la voie empruntée était au-dessus d’autres 5.4 du Dévoluy (face est de Bure par exemple). Bon, mais " au-dessus " ne signifie pas toujours une cotation. Pour la Petite Lance de Domène (toponeige BEL, 3° édition) nous avions repris la cotation (5.5) donnée par les ouvreurs (BLMS). Les répétiteurs ont été nombreux, surtout en 2008. Il y a eu alors une quasi-unanimité pour ne pas placer cette voie au-dessus de la face est du Grand Pic de Belledonne, d’où une rectification dans le retirage 2009 de Belledonne, en accord avec Matthieu Bordin (l’un des ouvreurs). Idem en Vanoise : le 5.5 attribué à la face sud de la Grande Casse a été proprement flingué par les répétiteurs en 2008, la plaçant plutôt en-dessous du couloir des Italiens (5.4), lequel est lui-même discuté à la baisse par certains !

Q. Autrement dit les petits massifs rivalisent avec les grands ?

R. Il s’agit d’une " cotation d’ensemble à forte dominante technique " et elle vaut pour les Alpes, peut-être aussi pour l’Alaska, les Andes et les petits Pamir. Ensuite, pour l’altitude, il faudrait sans doute distinguer un niveau pour les petits 8000 et les gros Pamir (Communisme et Pobeda) et puis un autre pour les gros 8000 (à partir du Makalu). Mais il n’est pas encore évident que cela devrait entrer dans la cotation ski. Je suis partisan du contraire. Il est assez facile de comprendre que les 500 mètres supérieurs du mont Blanc seront éprouvants si l’on n’est pas acclimaté. Mais si on l’est, pourquoi coter différemment le ski, voire la marche, entre une course à 4000 au mois de juillet et une autre de même hauteur dans les Aravis ou Belledonne au mois de Janvier ? Un 4.2 n’est pas la même chose en Chartreuse qu’en Himalaya. Si tel est le niveau technique que je maîtrise ici, je devrais faire le raisonnement suivant : serais-je capable d’avoir une marge suffisante avec un sac deux fois plus lourd et le manque d’oxygène ?
Pour rester dans les Alpes, l’altitude, l’engagement, le dénivelé global, la probabilité d’y trouver une neige standard, la répétabilité n’interviennent donc à la hausse ou à la baisse que lorsqu’une course est présumée à cheval entre deux niveaux. Autrement dit, ces facteurs extra-techniques qui peuvent rendre la course plus difficile ne valent pas un point mais seulement un demi-point. Et nous ne cotons pas les " demi ".

Q. Il n’est donc pas prévu d’ajouter une cotation d’engagement, comme dans certains guides d’alpinisme ?

R. D’une certaine façon elle est prise en compte dans le niveau 1. Sur le plan technique il ne diffère pas foncièrement du niveau 2. Ce niveau 1 a été créé pour qu’avec une lecture rapide, outre un dénivelé réduit (800 m max), on sache que l’exposition sera faible et le danger d’avalanches vite écarté. On tient compte aussi de petites difficultés qui n’entrent pas dans une cotation, par exemple de fréquents changements de matériel (à pied, à skis), comment se comporter s’il y a une petite descente intermédiaire ? Pour les autres niveaux, on ne peut tout mettre en cotations et nos lecteurs ne sont pas des analphabètes. Toutes les données nécessaires sont parfaitement lisibles dans la fiche technique : altitude, dénivelé, exposition, existence ou non d’un refuge. Les autres éléments comme la nivologie, le danger de chutes de pierres sont plus délicats à standardiser : ils sont assez souvent précisés en clair dans l’itinéraire et, quand cela ne suffit pas, dans le commentaire. Ce qui fait trois niveaux de lecture, du plus rapide au plus lent. Les guides de marche-alpinisme, s’adressent souvent à un public de grimpeurs éloigné du centre de pratique et, surtout, les cotations ne concernent que la dernière partie de la course, en gros la voie sur la montagne, même si elle ne représente que 200 m sur un total de 2000 m de dénivelé à parcourir. Si l’on suivait cet exemple, le col du Sélé depuis le refuge homonyme devrait être coté 1.2/R/E1 : ce serait oublier le passage-clef, la montée au refuge et la barre de l’Ouro qui fait la cotation d’ensemble (3.3/PD-/E3). En moyenne montagne aussi, c’est assez souvent la partie considérée en été comme une " approche ", notamment dans les forêts, qui va définir la cotation ski.

Q. Les descentes les plus difficiles recensées (5.4 et 5.5) ont été réalisées il y a plus de 30 ans. La discipline ne progresserait plus ?

R. Elles ne peuvent être aujourd’hui qualifiées d’ " extrêmes ". Déjà à l’époque ces termes grandiloquents (il y avait aussi le " skieur de l’impossible ") ne faisaient pas l’unanimité. Du point de vue de l’inclinaison pure, ce n’est pas la capacité du skieur à faire des virages qui est " extrême " mais la possibilité de la pente de retenir une neige skiable. Sur des hauteurs importantes, la messe est dite depuis longtemps. On ne connaît pas, dans les Alpes, de pente enneigée supérieure à 52-53 degrés sur plusieurs centaines de mètres. Lorsqu’on a affaire à de telles inclinaisons, on est au maximum du ski-alpinisme classique et des facteurs autres que la pente permettent d’affiner la cotation. Le haut niveau ski aujourd’hui on ne le trouve pas dans le ski-alpinisme mais dans ce qu’on appelle le "free-ride". Les inclinaisons sont toujours les mêmes, mais il y a des sauts et des réceptions, des gestes aléatoires exécutés à haute vitesse par des skieurs pratiquant la descente six heures par jour (le randonneur c’est une heure de descente pour 6 heures de montée), sur un matériel deux fois plus lourd aux pieds mais rien sur le dos. Le tout sous la surveillance de secouristes. Il faut aussi distinguer aujourd’hui une descente " à skis " d’une descente " avec les skis ". Le haut niveau ski ("free-ride" si on veut) en montagne ce serait peut-être quelque chose du genre : une minute à la nord-est des Courtes, deux au Couturier, trois au Nant-Blanc…Un transfert des techniques acquises vers des terrains engagés de haute montagne se produira comme en escalade, sauf qu’ici c’est sans corde. Prenons le cas du saut : il a été rangé dans la catégorie "nordique". Et lors des premiers jeux olympiques il n’y avait pas ce qu’on appellera "ski alpin". Mais avec des épreuves de fond (dont la patrouille militaire) et le saut, il y avait déjà deux activités qui permettent de tirer avantage de ce qui est perçu comme un handicap (la neige) en allant plus vite et en franchissant des obstacles plus importants que sur terrain sec. Le saut, de chalets ou de barres, a toujours été présent dans la fiction, qu’il s’agisse des BD de Tintin ou des films de James Bond. Il est maintenant présent sur un terrain alpin avec le "free-ride".

Q. Et les cotations devront suivre le mouvement ?

R. Ce sera aux spécialistes de le dire. D’abord pour la cotation d’ensemble (5.6, 5.7 etc) mais en ajoutant peut-être pour l’expliciter une autre donnée chiffrée : hauteur du saut, inclinaison et dimension de l’aire de réception etc. Il y a aussi la question du ski-voile (ou "speed-riding"). A partir de quelles proportions l’activité ski est, sinon prépondérante, du moins significative ?

Q. Il n’y aurait donc pas de haut niveau en ski-alpinisme ?

R. Si, il y en a un mais il se définit autrement. Par la combinaison de pentes difficiles à skier, du caractère alpin des liaisons, de la vitesse d’exécution et de l’élégance du tracé. On commence à voir de très belles choses, comme cet enchaînement à vue réalisé par Stéphane Brosse et Nicolas Wirsching en 2009 dans la chaîne de l’Armet. On avait " imaginé " ce genre de choses depuis une vingtaine d’années, mais seulement imaginé. Eux l’ont fait.

Q. Pourquoi une cotation " Marche " ?

R. On remarquera que la collection ne s’est pas intitulée " toposki " mais " toponeige " et ce n’est pas une facétie marketing. Dans de nombreux massifs il n’y avait pas eu de guide pour décrire la montagne hivernale, enneigée depuis le point de départ. La cotation utilisée est celle connue depuis près d’un siècle (F, PD, AD, D, TD…). Le non-skieur s’y retrouve parfaitement, qu’il s’agisse d’itinéraires à cramponner ou de balades à raquettes. Cette donnée s’adresse aussi au skieur de randonnée qui doit être averti qu’il peut rencontrer des passages à pied de telle difficulté. C’est déjà valable pour certaines courses en aller-retour mais absolument indispensable pour des circuits en boucle ou en traversée comportant des sections non skiables (ou supposées non skiées), à la montée comme à la descente.

Q. Malgré la pénétration de l’échelle toponeige, d’autres sont toujours actives dans certaines régions. Des correspondances sont-elles possibles ?

R. L’échelle toponeige s’impose là où il y a des …toponeiges : aujourd’hui sur toutes les Alpes françaises (quelques massifs en Suisse et en Italie), sauf le Mercantour et le grand ensemble compris entre les cols du Glandon et du Mont-Cenis (Arves-Rousses, Cerces-Thabor, Ambin-Scolette). Elle est aussi utilisée par le mensuel " Montagnes Magazine " et différents sites web de pratiquants, français, suisse et italien. Pour ce qui est des " correspondances ", étant partie je ne peux ni ne veux être juge.

Q. Et le D system américain ?

R. Ce système part de l’hypothèse que la haute difficulté suppose des pentes à 60-65°, soit 10 degrés de plus que ce que nous connaissons dans les Alpes : les skieurs-alpinistes d’Amérique du Nord ont bien de la chance ! En commentant l’échelle toponeige, qu’il juge " non intuitive ", l’auteur semble s’être pris les pieds dans le tapis puisqu’il reproche à notre cotation " Marche " d’employer les mêmes termes que la cotation dite " Alpine " utilisée par le club alpin suisse pour le ski. C’est exactement l’inverse qui est vrai : l’échelle F-ED est employée depuis bien plus longtemps en alpinisme et c’est justement pour cette raison que nous l’utilisons pour la Marche et non le Ski.
Quant à l’échelle, au moment du lancement de la collection, j’avais plusieurs hypothèses dont une en numérotation continue, inspirée d’une cotation d’escalade australienne. Il y aurait eu au départ une soixantaine de niveaux (et non une vingtaine comme dans tous les systèmes, le D system compris). Par exemple une course 49 serait juste en-dessous d’une 50, avec une transition peu marquée. Mais arrive une nouvelle course, un peu plus que 49, un peu moins que 50, que fait-on ? C’était assez séduisant sur le papier mais trop précis pour notre activité. Cela marchera peut-être quand tout ce qui est skiable aura été skié par des millions de skieurs…autant dire la fin de l’Histoire.


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