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Courrier

Noël

jeudi 27 décembre 2007 par BERTHOLET Daniel

Une nouvelle sur Noël en montagne évidement

Randonner un 24 décembre, ça donne forcément des idées ! Bon réveillon à vous tous.

Quelques flocons épars s’agglutinaient déjà sur le carreau de la fenêtre du refuge. Je maudissais les prévisions de la météo qui annonçaient un ciel pur pour l’ensemble du week-end. Un fort vent de sud avait soufflé tout l’après midi, apportant avec lui son lot de nuages gris, rendant le ciel monotone et cafardeux. Demain, je resterai sans doute tranquillement emmitouflé sous la couverture. Me lever avant le jour, engloutir sans appétit mon bol de céréales, coller mes peaux sous les skis et partir pour le sommet convoité devenaient des actions bien compromises. Je prenais l’événement avec philosophie et appréciais ma solitude dans cet univers blanc à vous aveugler, silencieux à vous rendre sourd. Les menues occupations remplissaient ma fin de journée. La nuit tombait, je serai donc seul ce soir, plutôt heureux de cette situation.

Après un souper frugal, je m’installais rapidement sous un amas de couvertures et savourais à l’avance ce moment de lecture que j’allais passer en compagnie de ce roman noir déniché dans une brocante grenobloise. Tout à coup, branle-bas de combat devant la porte du refuge : chute de skis, grognements sourds, et plus surprenant, des sons cristallins de grelots. L’instant de surprise passé, je dirigeais ma frontale vers le carreau incrusté de givre et apercevais alors une tête hirsute se dirigeant vers l’entrée. En face de moi, un type costaud malgré un âge qui me paraissait fort respectable, grommelait après je ne sais qui ! Il fouilla au fond de sa poche, en sortit une boîte d’allumettes humides, frotta sans succès ce morceau de souffre sur le grattoir et finalement, abandonna la partie. Je me décidais à me lever, imaginant le pire : un accident, une cordée en perdition et éclairais ma frontale.

Le vieux, sans doute un peu dur d’oreille, n’avait pas remarqué ma présence. Le faisceau de ma frontale parut le contrarier, se croyant sans doute seul, lui aussi. Il s’adapta tout de même à ma présence, mais garda ses distances cependant. J’essayais bien d’engager un semblant de conversation, mais je ne pus tirer que quelques trop vagues renseignements. Il m’assura qu’il arrivait d’en haut, que tout le monde dans la vallée connaissait bien le père Léon et qu’il n’avait pas l’intention de moisir ici. Voyant mon hôte peu loquace, je me replongeai dans ma lecture, surveillant d’un oeil distrait ses allées et venues. Il but simplement un bol de thé bien chaud, ne semblant pas décidé à se coucher. Je devinais ses lèvres remuer doucement derrière une barbe blanche et abondante. Il devait sans doute, se parler à lui même. La fatigue me gagna peu à peu, je m’endormis sur une page du journal.

C’est le bruit des grelots qui me fit sursauter et me réveilla tout à fait vers 23 heures. Le refuge était vide, je fonçai à l’extérieur, plus personne... En bas, dans la vallée, les enfants devaient être heureux. Le ciel s’était à nouveau dégagé, les étoiles scintillaient : nous étions dans la nuit du 24 au 25 décembre.


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