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[pente raide] Courses

Le raide à la mode ?

vendredi 20 juin 2008 par WIRSCHING Nicolas (+)

C’était il y a 3 ans , un 15 mai 2005, je découvrais le ski de pente raide et le ski de "haute montagne" à la petite Face Nord de la Grande Casse. Depuis ma pratique s’est totalement tournée vers cette variante du ski de montagne.

3 ans plus tard , me voila de retour dans ce secteur de la Grande Casse , après avoir skié la face Sud qui me semblait encore inaccessible lors de la sortie du Topo Vanoise, les Italiens me semblaient un objectif de tout premier choix pour certainement clôturer la saison 2008 ! A priori je n’étais pas le seul ce Samedi 14 Juin a penser la même chose :
 CR Volopress
 CR Skitour

Evolution d’une pratique ?

Même si aucune Stat et aucun chiffre "officiel" ne circulent je pense ne pas me tromper : Le nombre de skieur dans les itinéraires difficiles a considérablement augmenté. Cette année , qui je pense a été particulièrement propice à ce genre de discipline , a vue un grand nombre de répétitions ou de collectives dans des itinéraires difficiles. Une brève liste :
 Grand Pic de Belledonne
 Face Sud de la Grande Casse
 Face Nord de la Petite Lance de Domene
 Face Nord de L’Amone

Il y a un ans , je rencontrais Nicolas le Gardien du refuge de la Leisse , avec mon camarade Franck on lui parle de notre projet de skier la Face Sud de la Grande Casse, on jumelle avec lui l’itinéraire depuis le Refuge, à priori il n’a jamais vue de skieur la dedans !
Un an plus tard , pendant 1 mois il va rencontrer tout les Week End 4 - 5 skieurs ou parfois plus pour skier cette itinéraire grandiose !
Les conditions n’étaient pas bonne en 2007 ? Je ne crois pas ! Pour y avoir buté 2 fois de suite cette année la pour des raisons autres que nivo (But Dégonflage...) , la Face était en condition au mois d’Avril , à remplissage équivalent de cette année.

Pourquoi donc autant de monde ?

Effet Internet

Je penses que c’est le principal moteur de cette évolution ! Pour avoir commencé le ski de rando il y a trois ans avec Internet , cette outil m’a permit d’ambler de m’attaquer à des itinéraires difficiles. X ou Y y sont allés il y a 2 jours , les conditions sont encore bonnes , Feu ! Voici quel était mon raisonnement au départ ! Les choses ont changé pour moi dans ce domaine , mais cette phase transitoire a été nécessaire pour m’apprendre les "ficelles" de cette pratique.

Matériel et Niveau

Le matériel a clairement évolué , garantissant une certaine sécurité , une certaine aisance et un grand confort d’utilisation. Le skieur avec sa monture est prêt à affronter les situations les plus difficile ! Pour le moral , le matériel ne change rien , le niveau des skieurs si ! Beaucoup de "Freeriders" échappés des stations de ski viennent s’aérer en Montagne dans ce genre d’itinéraire (je fais parti clairement de ce groupe ! Meme si je suis de moins en moins en station !).
Je penses que ces skieurs ont l’aisance à ski qui leur permettent de vite s’engager dans ces itinéraires. Certain pratiquants n’ont pas eu besoin de se support pour faire de la "pente". Mais la phase d’apprentissage a été bien plus longue !

Sur-Fréquentation = Danger ?

Il y avait 14 skieurs - surfeurs dans les Italiens ce samedi 14 Juin.
Il est clair , qu’au vue du nombre de pratiquant cette question va revenir de plus en plus ! Danger pour qui ? Le skieur qui remonte un couloir et reçoit une purge par un skieur le descendant ? Chute d’un skieur dans un couloir et effet domino ? Pas besoin de réfléchir pendant des heures pour se rendre compte que le danger est évident !

Que faire alors ?
 Changer d’objectif ? C’est Lio Tassan qui me parlait de cette "eventualité" , difficile de renoncer au pied d’un couloir quand on a fait l’approche , qu’on est motivé et que les conditions sont la , car des personnes sont en train de s’équiper au pied !
 Premier arrivé , premier servi ? On est en Montagne et cette règle ne doit pas s’appliquer, on s’arrange ,on fait avec, et surtout on fait connaissance ! Le souvenir inoubliable de la course rêver, vient aussi du debriefing dans un Bar autour d’une mousse avec des camarades fraîchement rencontré.

Avenir de cette pratique

Les dangers sont la , c’est clair. Il y a malheureusement des accidents , j’ignore les chiffres , et je ne veux pas rentrer dans ce genre de débat.
Pourquoi prendre de tel risques ? Chacun est capable de répondre à ces questions ! Qui sont clairement d’ordre privée !

Pour moi une chose est sûre, le nombre de pratiquants va clairement aller en s’augmentant ! Tout comme en 2-3 ans on a assisté à une évolution du skieur de station vers le free-ride , je pense qu’on va assister à une telle évolution dans le milieu du ski de montagne : Banalisation des itinéraires de pente raide .



Couloir des Italiens

7 skieurs remontent le couloirs , 2 attendent en haut et 5 viennent juste de le descendre


Messages et Commentaires ...
  • 20 juin 2008 LPR - interne (t ?)

    l’ explosion cette année de la pratique de la pente raide provient selon moi, à la fois d’ un phénomène de mode, des conditions favorables de fin de saison dans beaucoup de descentes connues et surtout de l’ information qui est diffusée sur internet et dont nous sommes donc responsables et complices en rentrant nos courses sur divers sites de montagne et pratique de la randonnée.

    l’ explosion des informations que l’ on peut trouver sur le net, permet de pratiquer telle ou telle descente, sans plus se poser de questions tant sur l’ itineraire que sur les conditions rencontrées, d’ ici peu on trouvera mentionné chaque cailloux, chaque plaque de glace. cette information enlève beaucoup de l’ initiative, de l’ implication et de la motivation des pratiquants. lorsque tout est dit, que la météo est annoncée belle.....je vais être dur....la seule chose à faire c’est de savoir rester debout. alors aujourd’ hui avec l’ évolution de notre matériel, le niveau technique des skieurs, cela devient encore davantage possible. nous en parlions il y a qq jours avec certains pratiquants comme NIW, davide capozzi, yannick mansart ou roch malnuit, il y a surfréquentation des pentes les plus prisées avec les risques encourus que nous connaissons tous et que NIW évoque.

    comme je l’ avais proposé il y a peu à NIW, peut être devrions nous renseigner les sites uniquement sur les courses classiques et pratiquées par le plus grand nombre. (le passon, trois cols pour le mont blanc et de même pour les autres massifs). en ce qui concerne les pentes dites raides, les personnes voulant les parcourir auront à coeur d’ aller les reconnaitre ou de commencer à les gravir avec l’ épée de damoclès que les conditions ne soient pas au rendez vous. on prend des buts et on y retourne et on progresse en cela. mon approche semble sans doute relativement rigide, mais j’ ai trop vu de personnes cette année qui n’avaient rien à faire dans certaines descentes soutenues des alpes, pour leur sécurité et celle des autres. on ne grimpe pas tous dans le 8a et tout le monde n’ a pas la marge suffisante pour skier le col de la verte. phénomène de mode car on veut descendre les pentes célèbres, qui s’ engage aujourd’ hui ds la brêche du cardinal, une sud ouest des droites, un col armand charlet, la face est de tête carrée ou une sud de la dent du géant....bien peu de monde....pas assez tape à l’ oeil sans doute !!!

    de plus certains pratiquants souhaitent "cocher" comme on le dit ds notre jargon à chamonix. l’ essentiel n’est il pas d’ aller faire une descente qui nous tient à coeur et que l’ on espère depuis longtemps et non pas parce qu’ elle doit faire partie de sa liste que l’ on s’ empresse de mettre en ligne.....l’ homme est faible, moi le premier.

    comme je le disai la semaine passée à nicolas, me concernant je pense rentrer des sorties classiques afin de donner des conditions les plus objectives possibles dans le massif parcouru, mais plus de courses dites de pentes raides. toutefois les échanges internes avec les pratiquants motivés et autonomes sont toujours les bienvenus comme cela s’ est pratiqué durant ce bel hiver. faut il dès lors renoncer au pied de la face lorsque l’ affluence est trop forte, cela est toujours difficile, on prend alors ses responsabilités, on essaie de s’ harmoniser avec les skieurs du jour, mais parfois une descente effectuée seul dans la pente voisine laisse de plus impérissables souvenirs.

  • 20 juin 2008 MLF - Le raide à la mode ?...

    La pente raide est à la mode, mais " l’effet internet " y est pour quelque chose ( !!!!) …
    Pour ma part, j’ai évolué avec : au départ, il m’a permis de faire mes armes en allant dans des couloirs plus raides derrière d’autres qui rentraient les conditions sur internet. Grâce à ca, cela m’a bien aidé pour faire évoluer ma technique sans prise de tête avec la nivologie.
    Puis en arrivant au pied (ou en haut !) d’un couloir et de voir celui-ci tout tracé m’a agacé ! J’avais les techniques de base à ski, puis j’ai appris doucement, mais sûrement, la neige et je souhaitais faire ma trace : quoi de plus gratifiant que de faire sa trace à la monté et de laisser sa signature éphémère sur un sommet vierge !
    Puis, pour avoir " profité " du système au début, j’ai décidé de partager mes infos sur les conditions (de neige, remplissage, degré de pente,…). Beaucoup de monde faisant pareil, mais pour moi il y a deux catégories : ceux qui innovent et ceux qui répètent (je ne montre personne du doigt, pourvu que tout le monde y trouve son compte et se fasse plaisir !).
    Mais il est vrai qu’avec l’augmentation du nombre de personne en montagne, l’augmentation des infos sur le net, l’évolution du matériel,… tout ceci fait que le niveau augmente et la fréquentation des pentes raides aussi !
    Petit exemple mais bien représentatif : cela fait deux ans que je voulais faire l’Amône dans le massif du Mont Blanc, une pente longue, peu d’info, si ce n’est que le topo d’A. Baud qui mentionnait 800m à 50/55°…
    Je n’y avais pas été puisque faire le tour du massif du Mont Blanc en voiture me paraissait long depuis Grenoble pour une pente (3h de voiture !), puis partir 2j n’est pas forcément facile entre planning, compagnons et conditions. Donc j’ai réfléchit, paufiner mon circuit, rêvé de cette pente, attendu les bonnes conditions pour y aller.
    Entre temps, cette course a été rentrée sur internet …
    Le jour ou j’y suis allé, on était suivit d’une dizaine de personne dans la face, 14 personnes l’ont descendus le lendemain !!!
    Les gardiens n’ont jamais vu autant de monde en deux jours que ces 10 dernières années … ( ceci est un exemple parmis tant d’autre au vu des compte rendus sur internet ! ). Mais mis à part cela, quand on voit l’exposition de la face nord de l’Amône on peut vraiment se poser des questions sur la sécurité dans une telle pente, si par malheur, quelqu’un venait à tomber !!!
    Si j’avais été le dernier ce jour la, me saurais je aventuré dans la face en connaissant les risques ?
    La réponse est oui ! pour la bonne et simple raison que ce n’ai pas à coté de chez moi, que je n’aurais peut être pas l’occasion d’y retourner, que les conditions était très bonne dedans ce jour la, et tout cela au détriment de ma propre sécurité …
    Tout ça pour dire que maintenant je passe de plus en plus de temps sur internet, pas pour regarder les conditions, mais la fréquentation des couloirs afin de trouver des sorties ou il n’y aura pas eu trop de trace et ou je pense qu’il n’y aura pas trop de monde.
    Pour sûr, la fréquentation dans les pentes raides va continuer d’augmenter et même se banaliser dans les années à venir …
    Mais ne nous trompons pas, les conditions en montagnes changent vite et il faut savoir s’adapter en fonction des conditions et rester humble face à la montagne.
    Un changement radical par rapport a une sortie rentrée la veille peut devenir dramatique ! Donc même si vous retournez sur une sortie tracée, restez maître de vous-même et gardez un peu de marge, il faut garder avant tout à l’esprit, qu’on vient en montagne pour se faire plaisir…

  • 23 juin 2008 HFO - une évolution parmi d’autres

    Oui, c’est incontestable, il y a du monde dans le raide et les risques augmentent au point qu’on pourrait (hélas) prévoir dans les saisons à venir des gros cartons sur la base des scénari évoqués : domino, purge ravageuse...
    Ceci dit, les pratiques de la montagne ont toujours évolué et même si l’effet Internet provoque dans le cas que nous discutons une ampleur et une accélération indéniables à cette évolution, souvenons-nous :
     On a fait la queue dans certaines lignes de spits pendant les années 80, 90 (Dibona, Meije, voies Piola), non sans risque de chutes de pierres...
     Les pratiquants de raquette à neige vont de plus en plus partout, haut, dans les pentes ; là aussi on pourrait imaginer quelques gros cartons...
     Les goulottes : développement fulgurant de nouvelles lignes précaires depuis les années 80...
     La cascade de glace : là aussi, la queue dans les lignes de la Romanche ou d’ailleurs (sans danger !!!)...
     et j’en passe.
    Certains de ces phénomènes semblent plus durables que d’autres.
    Pour le ski, comme pour les autres, remarquons aussi que de très nombreuses nouvelles lignes se sont ouvertes, limitant sans doute la saturation des descentes plus classiques (courtes, etc). C’est le bon côté...
    Espérons que la "saturation" continue ainsi à stimuler l’imagination des découvreurs et nous rappelle qu’il y a nombre de lignes à inventer dans des massifs moins courus.
    Le mauvais côté, c’est qu’on risque d’adopter des réflexes élitistes comme celui de vouloir garder l’info au sein de petits groupes de pratiquants les plus actifs (ne pas mettre en ligne). Personnellement, je le regretterai. Je préfère qu’une info honnête existe et que chacun adopte sa doctrine (faire ses choix vers ou, comme le dit MLF, à l’envers des courses entrées) et sur le terrain, renoncer, ou pas, selon le monde.

  • 24 juin 2008 Olivier Alexandre - Le complexe du voloboy...

    L’affreux dilemme que voilà ! Ce qui nous fait exister aux yeux des autres est ce qui nous rendra bientôt transparent ! Internet comme signe distinctif de l’élite et internet, bientôt comme outil de rattrapage par la plèbe... Ah oui, les risques de la démocratisation d’une pratique, c’est un air bien connu.

    Alors, raconter ou ne pas raconter ?

    Qu’on se rassure. Ce processus social, caractéristique des pratiques "émergentes", a sa solution : faire les choses pour soi, là où ça ne se voit pas, c’est-à-dire en dehors des sentiers prestigieux mais battus... Seulement, à s’obstiner à en rapporter des récits, on créera d’autres mythologies qui attireront d’autres pratiquants et alors, il faudra bien trouver encore de nouveaux lieux et ainsi de suite. Toujours courir pour rester devant, serait-ce là le complexe du voloboy ?

  • 26 juin 2008 LTA - Internet loin devant

    Pour moi, les raisons de cette fréquentation sont, par ordre décroissant d’importance :
     les c-r sur le net
     l’évolution du matériel
     les topos papier.

    Le premier de liste étant nettement plus important que les deux autres réunis. En revanche, si les compte-rendus de sorties nous permettent d’imaginer quelle neige on va trouver, je ne suis pas sûr que ce soit la principale raison de cette augmentation de skieurs dans le raide. A mon sens, c’est d’abord l’émulation créée par ces sorties. il n’y a pas si longtemps, on sortait entre amis seulement, les topos papier existaient mais le raide restait confidentiel. On ne savait pas qui faisait quoi. Maintenant tout le monde se connaît avec les nouveau outils de communication et on finit par se dire : "tiens lui y est allé, pourquoi pas moi ? Je l’ai vu skier il n’est pas si bon que ça !". Ou bien "dis donc t’as vu ce qu’ils ont fait ce week-end ? la semaine prochaine on tape fort nous-aussi !" C’est pourquoi on a de plus en plus de monde dans le raide et une fois que l’on commence, difficile de s’arrêter tellement c’est prenant. On retrouve aussi des gens qui n’ont pas le niveau technique et c’est là que les compte-rendus donnant les conditions entrent en jeu : on y va de plus en plus avec la quasi assurance d’y avoir de la poudreuse ce qui pardonne les erreurs et diminue la difficulté d’où finalement un petit nombre d’accidents.

    Quelles conclusions en tirer ? Le seul point qui est vraiment important ce sont les dangers. Après chacun fait comme il veut. Je sais qu’il y en a qui pestent contre ces sites internet et qui ne sont plus tranquilles dans leurs spots secrets. D’autres hurlent déjà d’entendre certains dire qu’ils ne vont plus rentrer leurs courses sur le net afin de ne plus divulguer d’info. Que l’on ne se trompe pas de débat, encore une fois, chacun fait ce qu’il veut à partir du moment où la sécurité des autres n’est pas remise en question et où la liberté de circuler librement n’est pas menacée. Non le vrai souci ici est la sécurité. Et si les chutes de skieurs sont très rares, le vrai problème dans un couloir, ce sont les purges envoyées à chaque virage sur ceux qui sont en-dessous. On a le même problème en escalade mais c’est à l’envers : celui qui s’engage en second prend lui-même le risque de recevoir une pierre sur la tête. A skis, celui qui s’engage derrière sera au-dessus à la descente et peut faire courir un risque aux autres qui n’ont rien demandé. A défaut de renoncer à la base d’un couloir déjà encombré (et qui reste la meilleure solution) au moins faudra-t’il attendre que les premiers soient descendus avant que les poursuivants ne s’engagent... si les contraintes horaires le permettent.


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