De retour dimanche soir après trois jours en montagne, j’apprenais le décès de Benoît, jeudi 25 avril, victime d’une chute dans la descente du versant nord de l’Herbetet au-dessus de Tignet dans le Valsavarenche. Nous avions échangé la veille au téléphone sur son projet. Cette montagne comme beaucoup d’autres l’attirait. Il m’avait confié avoir repéré le chemin d’accès qu’il prévoyait de faire de nuit et avoir encore des incertitudes sur la skiabilité de la face nord. Les éléments retrouvés sur lui (montre, téléphone) indiquent qu’il a atteint le sommet en crampons par la crête nord-nord-est après avoir laissé ses skis au col sud de l’Herbetet.

Professeur de tennis, Benoît était surtout un authentique passionné de montagne qu’il parcourait, souvent seul, à pied en toutes saisons et à ski pendant les périodes enneigées dès qu’il avait un moment de libre.

Habitant Annemasse, il avait ses secteurs de prédilection dans les massifs de proximité : Fiz, Haut-Gifre, Aravis, Aiguilles Rouges, Dents Blanches mais il aimait aussi aller à la découverte de montagnes plus éloignées et aussi plus élevées : Grand Paradis, Valais, Ecrins.

Adepte de la légèreté pour le matériel, il ne négligeait pas pour autant la sécurité et sa condition physique lui permettait d’enchaîner les sorties à plus de 2000m de D+. Sûr de son pied, il affectionnait les parcours exposés. Il avait au fil des années amélioré sa technique à ski et commençait à apprécier d’aller tâter du raide.

Il préparait minutieusement ses sorties, consultant topos, cartes, photos, interrogeant d’autres pratiquants. Il aimait imaginer et réaliser boucles ou enchaînements alliant technicité, logique et esthétique.

La communauté des alpi-runners et des skieur-alpinistes perd un contributeur assidu qui partageait régulièrement ses sorties sur les réseaux sociaux et sur les sites collaboratifs (Skitour, Camp-to-camp et plus récemment Volopress). Ses compte-rendus toujours accompagnés de photos et trace GPS étaient une source d’information précieuse tant sur l’itinéraire que sur les conditions du moment.

Toujours souriant et motivé, c’était un compagnon de sortie idéal avec lequel j’ai eu le plaisir de partager plusieurs virées à ski.

A ses retours de course, il aimait aussi sonner à la porte pour prendre des nouvelles et échanger sur nos dernières sorties respectives autour d’un thé.

Benoît a rejoint la liste déjà trop longue des proches et des amis disparus avec lesquels nous avons vécu des moments forts en montagne, de ceux qui donnent du relief à la vie.

Lors de notre dernier échange téléphonique, nous avions projeté d’aller ensemble en fin de saison enchaîner la Granta Parei et la Tsanteleina depuis le refuge Benevolo.

Si l’occasion m’est donnée de réaliser ce projet, nul doute que mes pensées iront vers lui.

Adieu l’ami, merci pour les belles traces que tu nous laisses.

Avec nos sincères condoléances à ses parents et à son frère Fred.