SAISON 2016/2017 : rétrospective au nord des Htes Alpes
mardi 30 mai 2017 par VOLLE Louis
La saison touche à sa fin. Si l’hiver 2016/2017 ne restera pas dans les annales pour la régularité et l’abondance de son enneigement, il conservera une place singulière pour la durée d’une pratique intéressante du ski de montagne. Je ne parle ici que de la partie nord des Hautes Alpes.
Précocité, irrégularité, quantités modestes.
L’hiver a commencé de manière précoce : le 13 octobre une première chute importante vient semer la panique sur les alpages encore occupés.(photo 1) La neige commence dés 1400 mètres. A 2000m la couche dépasse les 30cm. On peut skier les classiques du Briançonnais et du haut Queyras " correctement ".Elle fondra quelques jours plus tard, ne subsistant en nord qu’au dessus de 2500m. Mi novembre, un gros épisode pluvieux de plusieurs jours passe à la neige au dessus de 2000m (photo 2). La couverture neigeuse devient définitive. Mais elle ne voit pas de relève notoire jusqu’au début février. Vers 2400 sur l’Alp je mesure 80cm de neige tassée (photo 3). Cette surface va beaucoup souffrir du froid, du vent, du soleil et gratifier le skieur de reliefs variés de plus en plus rugueux ou glacés. On pourra skier mais avec des " vieilles " neiges, bien désagréables car traffolées sur les courses fréquentées (photo 4). L’accès des courses est facilité par de nombreuses pistes pastorales dégagées, parfois bien glacées (photo 5). A l’ombre, surtout en nord est, une épaisse couche de gobelets, de faces planes, de givre, (photo 6) se forme et se cache parfois sous d’infimes pellicules de neiges froides. Elle est enfin recouverte début février par la première véritable chute de 2017 (Ouf ! pour les stations !) puis par les rares chutes suivantes. Le piège est bien caché ! Il y aura des accidents mais peu nombreux au regard du risque potentiel : le beau temps va permettre une transformation totale ou superficielle, rassurante et donnant une bonne qualité de ski.
Des risques moins évidents ????
Sur les versants nord et surtout nord-est, la situation a peu évolué depuis novembre. Avec le meilleur ensoleillement, et les importantes chutes de neige depuis le 1er mai leur fréquentation augmente car ces pentes permettent de skier le plus bas, offrent parfois de la poudreuse...un peu lourde puis rapidement un neige transfo douce sans avoir à se lever trop tôt. C’est là que le risque peut se révéler redoutable par simple surcharge ou cisaillement ou par effondrement naturel des couches superficielles ramollies. Ce phénomène qui peut dérouter plus d’un dans la haute Durance est beaucoup plus fréquent que les dernières années. L’exemple pédagogique est la tête de Clotinaille, course I16 du TPN Ecrins Est. Toujours enneigée mais peu agréable à skier et dangereuse elle devient très attirante début mai. Le 10 mai toute la combe supérieure s’effondre. Heureusement il n’y a personne car l’itinéraire classique a été ravagé (photo 7). Ce phénomène s’est répété sur plusieurs pentes de ce type : j’avais signalé celui de la NE de Couleau (I12,1) sur Data avalanches le l4 avril (photo 8). Il se reproduit le 16/4 au Gros Ferrant (K20, une victime blessée) et probablement dans les autres accidents graves qui ont suivi. J’ai pu en voir d’autres depuis, en particulier le 15 mai.
L’énorme réchauffement actuel purge naturellement la plupart des pentes (photo 9). Les Briançonnais ont encore sous les yeux l’énorme plaque de la crête de Font Froide (B9). Au pic Lombard (A6.1) au dessus des Fonts de Cervières, le phénomène en a surpris plus d’un par son ampleur.
Une belle saison pour le skieur mais détresse des glaciers.
Cette saison a offert de belles conditions dans l’ensemble, avec une météo très favorable. Les secteurs de basse altitude voient la praticabilité de plus en plus réduite. La haute montagne n’a pas été très favorable jusqu’en avril. Cela n’a pas empêché Hervé Degonon, fouineur virtuose des Ecrins d’inventer un joli nombre de lignes assez improbables pour le commun des skieurs. Au contraire la fréquentation de la moyenne montagne a encore progressé.
Au final l’enneigement résiste encore bien au dessus de 2500 mais sa disparition sera brutale en raison de la faiblesse des accumulations d’hiver. Ce manque est particulièrement visible dans les grands couloirs du Glacier Noir. Les glaciers, même les plus " froids " continuent de souffrir (photo 10).