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[matériel] Matériel

Ski de rando 2016 : mini-test perso

dimanche 27 mars 2016 par SHAHSHAHANI Volodia

Dans le précédent article du même titre (2013) j’annonçais que mes conclusions étaient très provisoires…et cela se vérifie comme on le verra ci-dessous.

Le tableau récapitulatif conserve tous les skis du précédent. Certains ont bien vieilli mais conservent un intérêt pour certains usages et comme ski d’occasion pour débuter.

Trois nouveaux skis testés :
 K2 Wayback 88, (version lourde) 2820 gr en taille annoncée de 160 en fait 165 cm. LDC : 124/88/108, R=18.
 Elan Himalaya, 2800 gr en 163, LDC 125/95/112, R=20
 SkiTrab Magico, 1920 gr en 164, LDC 116/84/104, R=18

Tableau pdf

Les trois rubriques du tableau, maniabilité, stabilité, sécurité sont des notes composites, détaillées dans l’article de 2013.

Un mot sur la montée (indépendamment du poids). Je corrige légèrement le point de vue exprimé dans l’article de 2013. Je constate une dégradation sur les skis larges, Himalaya le moins bon, puis les deux jumeaux Mythic et Wayback, puis le Baltoro, peut-être parce que à la fois déjà court (158), un rayon également court et avec un petit rocker. Avec le même rayon mais plus long (164) et sans rocker, le Magico ne me semble pas loin des skis plus classiques (R=20) : Mustagh, Vertical, Sint Aero…. Cette sensibilité à la montée est peut-être imputable à ma propre dégradation physique à moins qu’il ne s’agisse d’un manque d’accoutumance ?

A la descente les résultats sont assez nets. L’Himalaya est le meilleur partout : stable, accrocheur, tolérant, maniable. Le rocker avant, court et peu prononcé, associé à une spatule souple facilite les franchissements et le déjaugeage, même s’il ne peut prétendre jouer dans la cour des "gros" ski de "freeride" et pas non plus être considéré comme un ski de piste. En rando, l’Himalaya peut convenir du débutant au bon skieur, contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là ("ski réservé aux experts").

Une autre bonne surprise est le Magico, certes distancé partout par l’Himalaya mais avec un poids inférieur d’un tiers. Il surclasse l’ex-fleuron de la marque, le Sint Aero de 2004, avec un poids inférieur de 100gr/paire et une largeur supérieure de 10 mm. A voir un tel rapport poids-surface je m’attendais à un ski durci, donc difficile. Bonne surprise de ce côté : le Magico demande à être un peu "accompagné" mais sans exagération. A noter que les skis légers sont moins handicapés, par rapport aux lourds, dans les neiges profondes denses ou lourdes que dans les neiges légères, parce qu’ils sont comme "lestés" par la masse de neige.

Avec des qualités différentes, Himalaya et Magico marquent un progrès spectaculaire pour moi, du même ordre que la révélation du premier Altitrail Vertical (orange) apparu en 2004 puis du Mustagh Ata SL de 2010. (Je n’ai pas eu la sensation de saut qualitatif avec les skis testés dans l’intervalle : Mythic Light, Wayback 88, Baltoro, ) . Pour ce dernier, je tempère un peu mon jugement de 2013 : sortant de skis légers ou peu denses j’avais été séduit par une bonne stabilité dans une taille réduite (158) mais je me dois de dégrader (un peu) la note "sécurité", sans doute pour les mêmes raisons évoquées ci-dessus pour la montée. En revanche j’ai trouvé ce ski solide et n’ai constaté aucun vieillissement du comportement après 40 km D+/-.

En conclusion, je rappelle qu’il s’agit des impressions personnelles d’un skieur de 71 ans, de 169 cm (après tassement) 63 kg (dcvs = données corrigées des variations saisonnières), et skiant sur des skis de 160 cm (après avoir débuté la rando sur des skis de 207 cm, soit un gain de 50 cm en 50 ans). Mais, pour les deux lauréats de ce test (Himalaya et Magico), j’ai pu recouper mes impressions sur le terrain avec deux skieurs plus jeunes de 20 ans et chaussant comme moi, Stephane Bauzac et Denis Corjet, tous deux familiers des skis-tests. C’est la formule idéale pour tester des skis : dès que l’on rencontre une neige critique, on permute sans avoir à sortir le tournevis. (Il faut savoir que l’on peut passer des journées entières sur les skis sans rencontrer les neiges critiques permettant d’évaluer le matériel.)

Le résultat final est clair avec un ski mi-lourd (pour un rando), l’Himalaya, qui prend la tête largement devant d’autres skis modernes. J’en avais été averti par de nombreux rédacteurs de Volopress qui l’avaient adopté dès sa sortie mais j’avais dû attendre un an de plus pour le voir arriver en petite taille (163 cm). De son côté, le Magico, si l’on admet la méthode de calcul proposée ici, l’emporte haut la main pour le rapport poids-technique : les fabricants ont beaucoup progressé pour compenser (matériaux, souplesses…) la faible inertie des skis légers. Et ce n’est certainement pas la fin de l’histoire. On voit arriver des skis polyvalents autour des 95 mm au patin, sans rockers abusifs, avec des rayons raisonnables et à des poids intermédiaires. A tester, parmi d’autres, le Blizzard G 95 et le Trab super Maximo (95 mm aussi au patin), pour lesquels la taille "normale" (165cm<, celle qui me convient !) est proposée d’emblée par le fabricant, quoique difficile à trouver (la faute au distributeur).

Pour compléter, je renvoie à un bon test publié sur le net. L’équipe réunie par Jean Nerva (revenu du snowboard au ski) a pu se livrer à un véritable comparatif comme en témoignent la notation, y compris facilité/tolérance, ce qui est assez remarquable pour des skieurs de ce niveau.

Fixations.

Pas grand chose à ajouter à l’article du 22 octobre 2015, Low Tech, les 30 ans
Les efforts des fabricants et des marchands semblent se focaliser principalement aux deux extrêmes : gagner quelques grammes sur les modèles course (moins de 300 gr/paire, sécurité minimale) et de l’autre côté élargir l’offre de fixations à inserts pour un usage mixte piste/hors-piste /"freerando" avec des poids excédant largement les 1200 gr/paire. Avec plus ou moins de bonheur selon les marques, on trouve un stop-ski et un rattrapage de longueur pour compenser la déformation du ski. Au cœur du marché (donc pour la rando traditionnelle) et à un prix toujours abordable (environ 200€) la Dynafit Speed Turn trône toujours.

Peaux de phoque

De plus en plus de fabricants proposent des systèmes propriétaires. Cela peut se concevoir dans la mesure où depuis la disparition des skis droits, on a toutes les géométries possibles et il est donc appréciable d’avoir une peau taillée. En revanche chacun propose un système d’accroche particulier et aucun n’atteint l’efficacité et la fiabilité des systèmes artisanaux mis au point en compétition, permettant en situation critique (et pas seulement "chrono") de déphoquer sans déchausser. Au début des années 90 on déphoquait par l’arrière après être passé en mode descente, chaussures et fixations. C’est cette technique archaïque qu’ont adoptée, entre autres Fischer et K2.
Beaucoup moins acrobatique est le déphoquage par l’avant (chaussures et fixations en position montée à verrouiller ensuite). Cette technique a été éprouvée depuis plus de 20 ans d’abord en compétition, puis en loisir. Trab l’a introduite sur ses derniers modèles avec deux accessoires avant et arrière mais bien fragiles (voir photo). La solution expérimentée en compétition avec un simple élastique (sur himalya, voir photo) est universelle et l’élastique acheté en grande surface de bricolage est INCREVABLE. Ce système nécessite seulement deux encoches en spatule que l’acheteur doit pour le moment faire lui-même avec une lime (queue de rat). Une demande légitime serait donc que TOUS les fabricants de skis de rando préparent ces encoches. Est-ce trop demander ?

Pour ce qui est de la peau, depuis 2015, Fischer, fort de son expérience nordique a lancé une peau plastique à écailles. Après quelques essais je dirais : glisse bonne, accroche moyenne, installation-rangement pas au point (manque de souplesse. encombrement énorme). Un avis plus positif ici

Chaussures

Pour ma part je reste fidèle à la XP Gignoux. Sur le dernier modèle dit "Black" (un peu moins léger que la "Race" 1200gr/paire au lieu de 1000gr), la semelle a été améliorée et on trouve enfin un manchon d’étanchéïté, mais il est encore trop bas sur l’avant. En gros on est bien en neige sèche jusqu’au niveau des malléoles, pas plus. Au dessus de ces modèles compétition à 1000-1200 gr/paire, l’offre s’est élargie pour des chaussures semi-légères à 1600 gr/paire telles que Scarpa Alien, Sportiva Syborg avec des systèmes de serrage et d’étanchéïté en progrès. La rigidité frontale reste néanmoins inférieure aux Gignoux… mais on les trouve aux environs de 500€, soit trois fois moins chères. Une concurrence, hors le milieu de la compétition, avec laquelle le champion/fabricant grenoblois devra compter.

himalaya avec élastique
solution universelle increvable avec encoche et élastique
Trab arrière
attache arrière Trab : trop fragile
Fischer Profoil
peau plastique PROFOIL de Fischer



Messages et Commentaires ...
  • 27 mars 2016 MAN - solide

    Salut Volodia,

    pour compléter je dirais que les himalaya sont solides. J’entame (enfin fini) ma troisième saison avec et la semelle n’a pas bougée. Pourtant j’ai tapé pas mal de cailloux. Par contre j’ai un peu changé de fusil d’épaule, je n’en fait plus mon ski de printemps (surtout à cause de ma méforme du moment qui m’empêche de tirer du lourd même si je garde des chaussures typé rando freeride) mais je te rejoins sur le fait qu’en montée l’accroche est pas terrible. Il faut sortir les couteaux assez tôt, les skis décrochent plus facilement, à force on s’y fait mais pour les courses de printemps c’est un peu pénible. J’ai opté pour son petit frère l’Elan Alaska pro, même construction mais 80 au patin et rayon plus grand (j’ai eu l’impression d’avoir des skis nordiques lors de ma première sortie). Ski plus léger et meilleur accroche à la montée (pour la descente c’est sûr que ça n’a rien à voir avec les himalaya qui avalent le terrain). Ce ski me fait redire que les semelles des Elans sont solides avec 2 gros cailloux tapés jeudi et vendredi et quasiment pas de marque sur la semelle.

    Pour en revenir à l’himalaya j’ai pas trop de comparaison dans les skis de la même catégorie, j’avais des movement Bond que j’ai gardé un mois avant de les remplacer par les Elans, ski vraiment sans caractère, aucun peps, aucun renvois... Les skis que je regrette le plus ce sont les BD stigma (première version) bien rigides, très sécurisant dans les neiges dures.

    Ce que je note aussi c’est l’excellent rapport qualité prix, on reste à un prix raisonnable pour un très bon ski, personnellement la barre des 500e pour une paire de skis de rando est rédhibitoire.


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