Editions Volopress : la collection Toponeige, l'actualité du ski de rando, les infos montagne et neige dans les Alpes.
[territoires] [Cerces-Thabor] Infos

Chaberton 3000 : le préfet autorise

lundi 26 juillet 2010 par VOLLE Louis

 Montgenévre Espace 3000 Chaberton : comme on pouvait s’y attendre le préfet de région a accordé le 12/7/2010 l’autorisation de création de la nouvelle UTN dans son intégralité. Derrière l’avalanche de discours environnementalistes et la mise en place d’un cadre qui garantirait la protection des espaces voisins, la réalité est bien là. Cet espace charnière va être banalisé et modifiera inéluctablement la fréquentation sur les vallées de la Clarée et de la Doire. Les procédures administratives une fois de plus ont obéi aux seules préoccupations immédiates des élus locaux. Aucune intervention politique à la hauteur du dossier prenant en compte sa dimension symbolique et une vision sur le long terme de l’aménagement de cet espace transfrontalier déjà suréquipé n’est perceptible. La fuite en avant sur l’équipement " chacun pour soi " est réelle.

 Montgenévre serait le parent pauvre entre le puissant ensemble de Serre Chevalier et la nébuleuse de la Voie Lactée dont elle entend devenir la vedette. Regardez la carte. Dans un rayon de moins de 50 km : Le domaine de la Forêt Blanche (Vars, Risoul), Puy St Vincent Pelvoux, Briançon Serre Chevalier du versant français ; Bardonnéche, le Sauze d’Oulx, San Sicario, Sestrière, Pragelato, Cesana pour le versant italien. Ces dernières remises à neuf et boostées pour les jeux de Turin ont leur dynamique de rentabilisation d’investissements considérables qui menacerait la sécurité d’exploitation de Montgenévre, parent pauvre à l’extrémité du dispositif. En dévorant les plus belles montagnes du secteur, Montgenévre aura incontestablement le rôle phare. Le Chaberton peut jouer le rôle de l’aiguille du Midi. Le déséquilibre d’exploitation devrait pencher en sa faveur. Comment évolueront alors la gestion des immenses espaces équipés ? La clientèle n’est pas extensible à l’infini.

 Au delà des incertitudes économiques pour des investissements de cette ampleur, c’est la manière de gérer l’espace alpin qui est illustrée par cette autorisation. Sur le fond, aucun changement d’attitude : l’aménageur, avec un discours mis à la mode environnementale peut faire autant de dégâts que dans les années 1960/1980. Peu à peu les véritables espaces vierges sont réduits. Si les aléas climatiques deviennent contrariants, alors que les deux derniers hivers exceptionnels pour l’enneigement, ont ranimé de nombreux projets endormis, ce sont des centaines d’hectares qui auront été banalisés pour rien. Les consommateurs se rabattront sur les sites les plus épargnés avec des difficultés, appel à l’aide publique ou la faillite pour les plus touchés. Tout prés d’ici, à moins d’une heure de Turin, la station de Frais est déjà un fantôme. Pourquoi s’étendre encore alors qu’il conviendrait d’avoir un recentrage et une sélection pour une meilleure exploitation. Malgré les conditions exceptionnelles de 2009 et 2010, les stations étaient quasiment désertées peu après la fin des vacances de février. Beaucoup ferment plus tôt qu’autrefois ou réduisent sérieusement l’offre pour les clients restants.

 En bref, l’espace 3000 Chaberton, malgré tous ses atouts locaux et immédiats, n’est pas pertinent dans une mise en perspective de cet espace alpin. Il reste à peine deux mois pour les derniers recours et la période des vacances n’est pas propice à l’action rapide. On en viendrait presque à envier les méthodes expéditives des nationalistes corses quand des abus criants à l’aménagement de leurs plus beaux sites sont perpétrés avec la complicité où le laisser faire des autorités compétentes. C’est toujours l’absence de projection dans l’avenir et de courage politique qui pousse à la radicalisation des positions et aux difficultés pour sortir de situations contraires à l’intérêt général à long terme.


Messages et Commentaires ...
  • 30 juillet 2010 Jean Jacques Bianchi - désastre

    le drame, c’est le caractère irréversible de ce qui va ( probablement ) se faire : création de routes, de pistes, ( avec leurs 4x4 et motos merdes ), d’infrastructures, bâtiments, etc dans le plus pur mépris pour l’environnement, les paysages, et la bio diversité - et dans 10, 15 ans, tout ceci tombera en désuétude, personne n’ira financer la remise en état des lieux ... voir tout ce qui se passe ailleurs dans le même genre

  • 1er août 2010 François Gouy - En direct de l’île de beauté

    Effectivement, actuellement en corse, à la lecture du titre de l’article, j’ai eu les mêmes inspirations. Difficile de nier l’efficacité de la politique de préservation du patrimoine corse quand les arsenaux juridiques ne permettaient pas encore de rationaliser les développement immobilier. Comme ils le soulignent ici non sans malice.

  • 5 août 2010 Jan Maniak - Exploitations des ressources.

    C’est drôle...
    Je viens de relire "Les raisins de la colère". Les réflexions du héros principal sur les conditions d’exploitations des ressources humaines me faisaient réfléchir sur la naïveté de son idéalisme, jugé à l’aulne des années. Ses doux rêves de partage du travail et de la juste rétribution qu’il mérite sont autant de fantasmes que les désirs de "projection dans l’avenir et de courage politique" de M. Volle.

    J’adhère totalement au fond du message, visant à essayer de préserver le peu d’environnement sauvage qui reste hors de la portée des investisseurs.
    Mais comment M. Volle, avec toute son expérience et son vécu associatif (et donc politique), peut-il réellement croire en une quelconque efficacité des recours administratifs ?
    Ce type de discours serait-il dicté par une sorte de bonne conscience ?

    Face à la dictature (car c’est de cela dont il s’agit, en ce qui ce concerne les aménageurs), la seule réponse est la révolution.
    Notez par ailleurs que le sigle FLNC peut très bien s’adapter au site du Chaberton !

  • 10 août 2010 CEI - CEI

    Voir également ici


Proposer un commentaire

accueil | espace privé | site sous SPIP