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Violences policières au parc Paul Mistral

jeudi 12 février 2004 par SHAHSHAHANI Volodia

Le président de Paysages de France, victime - parmi d’autres - des violences policières ordonnées par la municipalité socialiste de Michel Destot, décidée à reconstruire coûte que coûte un stade de footbal en plein centre ville de Grenoble en abattant les arbres du parc Paul Mistral. Ci-dessous la lettre de Pierre-Jean Delahousse à François Hollande.

Grenoble, le 12 février 2004, 4 heures du matin
Monsieur François HOLLANDE
Parti socialiste

Cher Monsieur,
Je vous ai alerté, lundi 9 février, sur les conséquences dramatiques que pourrait avoir le recours à la force dans l’affaire du projet de stade dans le parc Mistral de Grenoble.
Certes, le soir même, messieurs Destot et Migaud recevaient une délégation, dont un représentant de notre association, mais uniquement pour confirmer ce que nous cherchions précisément à éviter.
La réponse à notre demande de dialogue a été l’envoi, le lendemain à l’aube, de la troupe et d’une armée d’engins surpuissants : en quelques heures a été érigée, sous la protection policière, une gigantesque clôture encerclant les jeunes "écocitoyens" installés depuis maintenant plus de trois mois dans plusieurs arbres du parc.
Dans le même temps, des dizaines d’arbres étaient abattus, arrachés, déracinés et traînés au sol devant un public traumatisé.
Le spectacle de cette violence dirigée contre la nature au c∫ ur de l’une des villes les plus polluées de France, mais plus encore cette violence dirigée contre des jeunes dont le seul tort est d’avoir lancé un cri d’alarme a bouleversé les témoins de la scène, eux-mêmes victimes de brutalités policières gratuites [1].
Violence qui, au demeurant, a transformé les jeunes que l’on voulait déloger en véritables héros aux yeux de beaucoup de gens qui, jusqu’alors, n’approuvaient pas forcément leur démarche : aujourd’hui, les jeunes "écocitoyens" sont toujours dans leurs arbres, au milieu d’un parc dévasté et la défaite cuisante de la police et de la force leur donne une incontestable aura qu’ils n’auraient jamais eue sans cela.
Les humilier aujourd’hui serait perçu comme la pire des bassesses.
Les réduire par la force pourrait conduire à un drame.
C’est pourquoi, je prends l’initiative d’en appeler solennellement à votre médiation pour que cette malheureuse affaire ne finisse pas par un désastre pour chacune des parties concernées et, de fait, par une victoire pour ceux qui se nourrissent des difficultés de leurs adversaires.
Vous avez le pouvoir de faire en sorte qu’une solution raisonnable, qui passe nécessairement par le dialogue et le respect mutuel, puisse être trouvée. Il faut que cette solution soit trouvée dans les heures qui viennent, quand bien même elle nécessiterait que vous vous déplaciez à Grenoble.
Il est encore temps aujourd’hui d’éviter un immense gâchis.
Persuadé que saurez entendre cet appel pressant,
Je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de mes meilleures salutations.

Pierre-Jean DELAHOUSSE
Président de Paysages de France
06 72 98 94 89


[1J’ai moi-même été victime de cette invraisemblable violence puisqu’un policier m’a aspergé de gaz lacrymogène, en plein dans les yeux et à 30 centimètres du visage, alors que j’étais immobile et accoudé à une barrière de protection.

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