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Christophe BRESSAND nous a quittés.

dimanche 9 février 2025 par MANG Jean-Baptiste

Mardi 4 février, après avoir donné cours le matin, Christophe est parti pour aller skier le couloir Trappier dans le versant nord de l’aiguille du Goûter au-dessus des Houches.

Rien d’extraordinaire, une journée en comptait souvent plusieurs pour lui.
Ce couloir situé au-dessus de son chalet, il le connaissait bien et le skiait tous les ans. Il affectionnait de partir de la droite, un peu plus haut que le départ habituel où la neige disait-il est souvent meilleure. Mais ce mardi, une avalanche l’a emporté et son corps sans vie a été retrouvé dans la nuit dans le lit du torrent de la Griaz, plusieurs centaines de mètres plus bas sous 60 cm de neige.

Originaire du Doubs, son diplôme d’ingénieur de l’Université de Compiègne en poche, il avait rejoint la Haute-Savoie où, embauché chez Dynastar, il a pu vivre sa passion pour l’escalade, la montagne et le ski.

Aspirant guide en 1996 puis guide deux ans plus tard, il abandonne le métier d’ingénieur pour devenir professeur de technologie en collège à Chamonix au début des années 2000.

Professeur rigoureux et exigeant, il savait partager sa passion pour l’escalade avec ses élèves sur le mur qu’il avait lui-même réalisé dans le gymnase du collège.

Son excellente forme physique et son moral à toutes épreuves faisait de lui un compagnon de cordée idéal. Avec lui, une course engagée laissait le souvenir d’une promenade de santé. Polyvalent, il appréciait d’aller explorer de nouvelles lignes en falaise ou à skis. Discret, il communiquait peu sur ses réalisations dont certaines sont probablement des premières.

Bricoleur infatigable, il était doué d’une intelligence pratique remarquable qui lui a permis de rénover intégralement sa maison. Tout l’intéressait, la maçonnerie, la menuiserie, la plomberie, l’électricité… Il réparait lui-même ses voitures, leur réservant une longévité peu commune.

Particulièrement sensible à la question du handicap, il a participé pendant plusieurs étés aux stages d’alpinisme organisés par l’association Les Sommets de l’Espoir à destination d’enfants en rémission de cancer. Sa force tranquille, son dévouement étaient très appréciés. Le soir au refuge, il accueillait les témoignages de reconnaissance des jeunes avec humilité, bien conscient que dans l’histoire, c’étaient eux, dans leur combat contre la maladie, qui méritaient les éloges.

Entre 2010 et 2015, il a mené à bien un projet « Montagne » lancé pour le groupe international de conseil TeamWork. Le but était de faire gravir les 82 sommets de 4000 m des Alpes par des collaborateurs de l’entreprise. Au delà des sommets de 4000 m, ce projet a été un vrai succès qui a permis à de nombreux employés du groupe de s’initier à la montagne. Ainsi dans cette période, Christophe a sollicité de nombreux collègues guides pour répondre aux besoins d’encadrement.

Le métier de guide a toujours occupé une place importante dans son activité professionnelle. Bien que pluri-actif, il réalisait régulièrement plus de cent journées guide par an. Il aimait emmener ses clients sur des itinéraires d’alpinisme qu’il n’avait pas encore parcourus. Ainsi l’été dernier, il avait guidé un client sexagénaire à l’Eiger par l’arête Mittellegi. Partis de nuit des Houches, ils avaient gagné Grindelwald en voiture avant de prendre le train de la Jungfraujoch jusqu’à Eismeer. Puis ils étaient montés à la cabane Mittellegi et avaient poursuivi par l’arête homonyme jusqu’au sommet avant de descendre par la face ouest et de revenir sur Chamonix dans la même journée.

Il y eut aussi les hivers 97 et 98 où je lui ai confié mon frère Gérard. Très bon skieur, une maladie dégénérative de la rétine, l’avait peu à peu privé de la vue. Il affectionnait aussi les pentes raides. Christophe l’a donc guidé durant ces deux hivers, l’assurant à la montée et à la descente. Emmener un non-voyant en montagne et lui permettre de skier des couloirs en toute sécurité nécessite une maîtrise technique et une attention de tous les instants. Christophe avait ces qualités. Je lui faisais une totale confiance.

A défaut d’y croire, j’espère qu’ils se retrouveront là-haut.
Alors, du sommet des montagnes, je scruterai les nuages à la recherche de leurs traces.

Aujourd’hui, mes pensées vont vers Béatrice sa femme et ses deux filles Vicky et Marine qui vont devoir poursuivre leur chemin de vie sans lui mais avec le soutien du large cercle d’amis que la famille a su créer autour d’elle.

Adieu Christophe, merci pour l’homme que tu as été et pour tout ce que nous avons partagé.



Pouce face nord

Eglise Sallière

dent du Velan

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