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[matériel] Matériel

Fixations : la mode au lourd, compliqué, cher

ou marketing, quand tu nous tiens....

mardi 12 avril 2016 par BAUZAC Stéphane

La fin des brevets " historiques " détenus par Dynafit a provoqué une explosion de l’offre en matière de fixations à inserts.
Malheureusement, une bonne partie des efforts de R&D semblent se faire en direction de modèles plutôt lourds et complexes, et parfois au détriment de la facilité (chaussage en conditions délicates), voire de la sureté d’utilisation .

La stratégie marketing des fabricants semble être avant tout de capter les nouveaux pratiquants issus du ski de piste, qu’il faut rassurer en présentant des produits proches en terme de look, de volume, et de sécurité des fixations qu’ils ont l’habitude d’utiliser. Dans le même esprit, les fabricants font beaucoup d’efforts pour proposer des produits affichant en matière de déclenchement sur chute une certification TÛV du même niveau que les fixations de piste, ce qui est un argument de vente très important pour le marché allemand et suisse. Un autre argument avancé par les constructeurs est que les fixations légères seraient incompatibles avec les pratiques free-ride, argument à relativiser quand on voit l’engagement des meilleurs à la descente dans des compétitions internationales de ski-alpinisme, avec de l’ultra-light au pied.
Même Dynafit, qui disposait avec l’increvable TLT Speed d’un modèle déjà très abouti, perd des points avec sa remplaçante TLT Turn, qui paie l’ajout d’un réglage de longueur par une augmentation de la hauteur de cale (55 mm !) bien pénalisante en terme d’amplitude de foulée. Dans ce domaine l’optimum semble se situer autour de 35/40 mm.
Personnellement, le seul élément de matériel où je reste prêt à mettre du poids est celui des skis, tant il me semble qu’une certaine inertie est une clé de la stabilité. Pour le dire autrement, un compromis poids/largeur est à trouver, pour des 95 au patin il est à mon avis autour de 3 kg/paire. Pour les fixations, il est probable en ce qui me concerne que les prochaines seront des modèles de compétition, simples et ultra-light, quitte à monter la butée arrière sur un rail de réglage, au prix d’un petit surpoids et surtout d’une position de montée surélevée de 5 mm, mais c’est tellement pratique que je ne me vois pas faire l’impasse.
L’argument de l’incompatibilité entre skis larges et fixations légères (risque d’arrachement des vis dans le ski), développé par nombre de vendeurs en magasin, me semble à relativiser, au moins pour le pratiquant " lambda " (on ne parle pas des concurrents du Free Ride World Tour) :
  Les fixations légères ne sont pas forcément les moins solides (voir, au risque de se répéter, les conditions d’utilisation par le haut niveau en skialp)
  Je ne connais pas de cas d’arrachement dans mon entourage
  Pour les conditions les plus critiques, comme la pente raide, la prise de vitesse est limitée et donc les efforts aussi.
  Enfin et surtout, sur une fixation, c’est la butée avant qui reprend l’essentiel des efforts latéraux, ceux qui justement sont augmentés par l’emploi de skis plus larges. La butée arrière ne bloque pas vraiment la chaussure en effort latéraux (pour s’en convaincre, tester en ne chaussant que la butée arrière). Or sur toutes les fixations, light ou pas, l’entre-axe des vis des butées avant est quasi-similaire.


Messages et Commentaires ...
  • 12 avril 2016 Emmanuel Rey - A propos de la G3 Ion

    Salut Stéphane,

    Du coup j’ai 2 infos dont une à mes yeux capitale concernant ces fixations (G3 Ion)

    ma 1ère intervention concernait le fait que le ressort qui permet au crochet de retenir le stop-ski a surement été mal dimensionné car après un repeautage, il n’est pas rare que le stop-ski "saute" en position montée (le crochet qui retient le stop-ski ne sort plus assez pour le retenir), cas plus fréquent avec la cale moyenne que la cale haute. Parfois il saute parce que le pied opposé a dû toucher et faire pivoter la talonnière, qui se met en position descente, parfois çà saute sans que la talonnière ne bascule en position descente (la neige se mettant dans le mécanisme doit y être aussi pour quelque chose puisque c’est beaucoup plus rare lors de la 1ère montée, là ou la talonnière a été basculée en étant "propre", sans neige).

    Cependant il m’est arrivé une autre péripétie moins agréable, et liée à ce mécanisme. Lorsque j’ai engagé ma descente jeudi, en basculant la talonnière en mode descente, les stop-skis ne sont pas "sortis" comme c’est le cas normalement. Je n’y ai pas prêté attention puisqu’en descente, le fait qu’ils soient relevés ne change rien. Sauf qu’au premier virage le talon du pied extérieur s’est déchaussé, par réflexe et parce que je n’avais pas d’appui j’ai refais un virage de l’autre côté et pareil pour l’autre pied, çà s’est fini par une culbute tête la première dans la pente et j’ai pu m’arrêter en faisant l’araignée, in extremis.

    Ce qui s’est produit : la talonnière est montée sur un rail et contrainte par un ressort qui permet à celle-ci de reculer lorsque le ski "plie". Les anciennes TLT n’avaient pas ce mécanisme et du coup il fallait laisser un petit jour entre l’arrière de la chaussure et la fixation. Ce n’est plus le cas aujourd’hui "grâce" à ce dispositif de recul. En mettant la talonnière en mode montée, on contraint celle-ci vers l’arrière (ressort-rail contraint et donc axe de la talonnière en recul par rapport à la position descente), permettant au crochet du stop-ski de sortir. Dans mon cas, la talonnière est restée en position arrière à cause de la neige qui s’est coincée dans le système. Le fait que les stop-ski ne "reviennent pas" aurait dû m’alerter. En réalité j’ai chaussé avec la talonnière qui était reculée de 2-3mm et çà a lâché au premier appui. Après la frayeur, j’ai inspecté tout çà et vu que de la neige s’était mise dans le système et évitait à la talonnière de revenir en position idéale (nous avons eu de la neige lourde et transfo puis de la plus froide, çà s’est coincé puis a regelé).

    En gros, il est possible que cela se reproduise et les utilisateurs doivent être au courant de ceci. J’ai eu de la chance de pouvoir m’arrêter sachant que je m’engageais dans un couloir en 5.2 avec 3cm de revenue sur fond dur...

    Je l’ai dit avec mes mots mais je crois que c’est assez clair, je veux bien préciser au besoin.

    emmanuel

  • 13 avril 2016 VSH - voir aussi

    sur le même thème la discussion à la suite de la sortie "Van-Sorbier"


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