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Championnats de ski-alpinisme à Pelvoux : la difficile mondialisation

lundi 11 février 2013 par EICHINGER Cécile

Onze ans après les premiers championnats du monde de ski-alpinisme, en 2002 à Serre-Chevalier, ceux-ci reviennent discrètement dans les Hautes-Alpes à Pelvoux. Dans cet intervalle de temps ils furent organisés cinq autres fois : en 2004 en Espagne, 2006 en Italie, 2008 en Suisse, en 2010 en Andorre puis à nouveau en 2011 en Italie.

Y a-t-il eu des évolutions significatives depuis la dernière édition sachant que l’objectif de l’ISMF est le développement de la discipline à l’échelle mondiale dans le but d’une reconnaissance olympique ? – voir Le ski-alpinisme, bientôt épreuve olympique ?

Les données disponibles sur le site de l’ISMF (l’instance internationale qui gère le circuit mondial de ski-alpinisme) permettent des comparaisons avec les précédents championnats du monde à Claut en 2011. Le constat est assez limpide :

 Stagnation du nombre de pays représentés : 23 pays en 2013 contre 21 en 2011 : 3 nouveaux pays font leur entrée : la Belgique, la Russie et la Corée du Sud. La Chine représentée par 2 athlètes en 2011 ne remet pas le couvert en 2013. Lors de la première édition en 2002, 22 pays étaient déjà représentés (dossier de presse de Pelvoux 2013) ;

 Stagnation du nombre de coureurs : 211 compétiteurs en 2013 contre 215 en 2011 avec une proportion constante de femmes, autour d’un petit tiers. En revanche on note un rajeunissement des catégories avec une forte croissance des cadets (15 et 16 ans) qui passe de 4 à 24 coureurs (es). On en compte logiquement 8 pour l’équipe de France, 5 pour celle d’Italie, 3 pour la Suisse et 2 pour l’Espagne, le quator des pays présentant le plus d’athlètes ;

 Concentration sur les pays traditionnels : la France, l’Italie, la Suisse et l’Espagne totalisent 44% des compétiteurs présents ; si on ajoute les USA, particulièrement bien représentés en 2013 avec 16 athlètes, on est à un peu plus de 50% des compétiteurs ; constat similaire à 2011 ;

A nombre quasi identique de participants on pourrait observer une croissance de jeunes pays et un retrait des pays traditionnels mais il n’en n’est rien : au contraire, certains pays présentent même moins d’athlètes qu’en 2011 : c’est le cas de l’Autriche qui passe de 13 à 7, la Pologne de 11 à 6, l’Allemagne de 7 à 5 dont aucune femme. On note également l’absence de pays de l’hémisphère sud comme la Nouvelle Zélande ou des pays d’Amérique du Sud ;

L’évolution majeure concerne le nombre de discipline de ski-alpinisme. En 2002, il y avait seulement deux épreuves, une épreuve individuelle (remportée par Stéphane Brosse) et une épreuve par équipe. En 2013, cinq épreuves sont au programme : aux deux historiques se sont ajoutées, les épreuves de verticale, de sprint et de relais.

Autre nouveauté et non des moindres, les épreuves de sprint et de relais rapportent désormais autant de points que les autres. Ainsi pour le classement mondial toutes catégories d’épreuves, un coureur faisant l’impasse sur le sprint ou le relais mais gagnant les individuelles ou encore les courses verticales a toutes les chances de ne pas se retrouver en tête du classement.

Ce nouveau règlement (voir sur le site de l’ISMF – textes officiels), qui met sur le même pied une épreuve longue de 2 à 3h d’effort en montagne, sur un terrain alpin, faisant appel aux techniques du ski-alpinisme et un sprint de 3 min sur un terrain préparé, au centre des stations de ski (il serait intéressant d’avoir l’avis de coureurs à ce propos), poursuit l’objectif de l’ISMF de parvenir un jour à la reconnaissance olympique avec un modèle basé sur des épreuves " plus visuelles et accessibles pour le grand public " (dossier de presse des championnats du monde de ski-alpinisme).

Armando Mariotta, le Président de l’ISMF, en est convaincu : “I’m convinced that the coming season with the "new look" World Cup Circuit and the World Championships in Pelvoux, will be just what competitive ski mountaineering needs in order to continue our progress towards the goal of being recognised by the International Olympic Committee and ultimately to participate in the Olympic Games " (extrait de la présentation des Championnats du monde à Puy-Saint Vincent le 19 décembre 2012).

Seulement ce ne sera pas suffisant car ce que le ski-alpinisme mondial peine à obtenir pour le moment c’est une diversification des pays pratiquants, condition incontournable pour être sélectionné aux Jeux Olympiques et une diversification des pays accueillant des épreuves internationales. On voit bien à la lecture de ces quelques chiffres que pour le moment on est loin du compte mais également à celle du calendrier international 2013-13 que la majorité des épreuves continuent de se dérouler sur le continent européen.

Christophe Moulin, entraîneur de l’équipe de France dans les années 2000 prédisait une évolution proche de ce que le ski-alpinisme de compétition international semble devenir :
" Comme dans la voile, deux grands types de compétitions vont être organisées :
 Les compétitions de grandes aventures en haute montagne, sur les glaciers avec un caractère de grand engagement, loin des stations et donc difficilement médiatisables comme les grandes courses au large en voile (le Vendée globe Challenge est un contre-exemple) ;
 Les compétitions de proximité de station aux caractères alpin, hors-pistes, très sportives avec des montées très courtes et faciles d’accès depuis les remontées mécaniques comme les régates en voile "
(réf. : interview de Christophe Moulin)

Christophe Moulin a eu le nez fin avec cette comparaison sauf que les régates qu’il imaginait alpines ont perdu de leur caractère, sprint et relais se déroulant sur les pistes, réduit à un très petit espace. Et que les compétitions de grandes aventures, qui se retrouvent aujourd’hui dans le circuit de la Grande Course, sont hors circuit officiel.

Le ski-alpinisme de compétition tel que le modèle l’ISMF, de plus en plus décorrélé de son terrain originel, continuera t-il d’attirer les compétiteurs et saura t-il en séduire de nouveaux ?



Messages et Commentaires ...
  • 13 février 2013 CEI - Les meilleurs font l’impasse sur le sprint

    Lundi lors de l’épreuve de sprint à l’issue de laquelle était délivrée le titre de champion (ne) du monde de la discipline on ne trouvait aucun des meilleurs de la discipline (les Roux, Jornet, Bon Mardion, Jacquemoud, Eydallin, Mollaret , Reicheigger etc.). Tous ont préféré se réserver pour l’épreuve individuelle de mercredi laissant ainsi le champs libre à des skieurs plus performants dans cette discipline et/ou moins favoris.

  • 18 février 2013 CEI - Le ski-alpi à la TV

    C’est assez rare pour être mentionné, un reportage sur les championnats du monde qui viennent de s’achever a été diffusé samedi soir sur TF1 : voir ici


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