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Paradis-Ceresole : un ski-test en boucle

mercredi 4 janvier 2012 par SHAHSHAHANI Volodia

Au hasard du net, nous sommes tombés :

 sur ça, dans le Daubé

 ça aussi, sur "Dynastar US"

 et encore ça, sur un site du Wyoming

Cette info a rappelé à trois rédacteurs du site (dme, jbm, vsh) un sympathique circuit il y a un certain temps et que nous ne pouvons que recommander.

La Tresenta vue en montant au Paradis. La plaine du Po, sous l’édredon. Viso au fond. ©VSH

J1. Départ de Grenoble le 17 juin 1993, direction val d’Aoste, val Savaranche, Pont. Montée au refuge Victor Emmanuel. Dépôt du matos superflu ; et pour occuper l’après-midi, ascension et descente du joli triangle de la Tresenta.

DME sur colibri dans la face est du Grand Paradis, devant la pointe de Ceresole ©VSH

J2. Pour le 18 le programme est soit la face nord-ouest du Grand Paradis, soit sa face est. DME et JBM montent par le couloir nord-ouest. Relevant d’une fracture de la malléole, je n’ai pas de problème pour skier mais, redoutant la glace, je préfère éviter de taper les crampons. Rendez-vous au sommet. Verdict : "pour la nord-ouest, c’est cuit c’est presque tout en glace".
Nous décidons donc de skier la face est et de trouver une solution (élégante si possible) pour revenir de la Tribolazione sur le Valsavaranche.

JBM, les années compet’. Après le Paradis, juste derrière, le test continue ©VSH

Départ dans nos tenues col-pip (aux couleurs de l’époque) sous les regards un peu incrédules de la foule. Deux-trois virages sur une poudre légèrement chauffée…puis crac, c’est la glace. Elle sera sous les skis pendant 100 m. Ayant vécu ce genre de situation ensemble (entre autres dans la nord de l’Hohberghorn), nous savons que ça peut tenir tant qu’il y a un peu de neige dessus et qu’on reste en mouvement. Le plus difficile c’est quand il faut s’arrêter. Donc nous ne nous arrêtons que lorsque la glace n’est plus sensible sous les skis.

Haut de Ceresole : VSH sur colibri ©JBM

Excellente expérience dans le cas présent puisque ce périple nous sert aussi pour le test de skis de l’année. En l’occurrence, des skis compet’ de l’époque (2200 gr/180 cm) à côté desquels les allumettes d’aujourd’hui accrochent comme des skis de géant. Il est vrai qu’alors nous participions à quelques compétitions telles que la Patrouille des Glaciers ou la Pierra Menta. Moi à une allure déjà modeste, Daniel correcte et Jean-Baptiste carrément performante. Pour mémoire notre collaborateur, guide et auteur du toponeige Chablais, se classait pas mal du tout : 5° à la course de Coupe d’Europe de l’Aneto (avec Denis Corjet, imprimeur du premier toponeige Belledonne), 10eme à la Pierra Menta (avec le Slovaque Miroslav Leitner)

Les trois skis testés, Piuma de Trab, Colibri de Tua, Altiplume de Dynastar (voir photo) étaient équipés de Low Tech (une folie disait-on à l’époque pour la pente raide) avec la seule chaussure dispo, la TLT 3 de Dynafit, juste un peu plus performante en descente qu’une coque plastique d’alpinisme mais presque aussi sûre que cette dernière en terrain mixte.

La contrainte pour ces tests était d’avoir tous la même chaussure, ce qui permettait de changer de skis sans sortir le tournevis, chaque fois qu’une neige critique se présentait. Rien à voir donc avec ces "tests" de ski de rando sur piste ou sur des neiges neutres avec du personnel qui change chaque fois. Bien entendu dans les tests que nous étalions sur la saison, nous retenions après une présélection une douzaine de paires dont des skis plus lourds (essayés dans les mêmes conditions), afin d’avoir un véritable comparatif.

Ceresole, face sud : DME sur piuma suit VSH sur colibri ©JBM

Au pied de la face est du Grand Paradis (48°/400, un bon 5.2/E3 et non 5.1 comme coté dans Ripido) nous traversons sous les séracs et nous penchons sur le premier passage venu, le col de Chamonin : rien à en tirer, que du rocher. Une courte pente mène à la pointe de Ceresole. Elle est cotée 3772 sur ASF, mais 3777 sur IGC, altitude retenue par les skieurs des articles proposés ci-dessus et haute de 400 à 500 m selon le point de sortie. DME, un as de la lecture de carte lorsqu’il s’agit de skier à vue, estime que ça doit passer : et encore, s’agit-il d’une carte IGC, c’est tout dire (sans vouloir peiner nos amis transalpins). La face sud, attaquée depuis une brèche sur l’arête ouest sous le sommet, n’a pas une pente régulière : en haut et en bas c’est du 45° entre des rochers avec un gros névé presque plat au milieu. (Etait-ce encore alors un glacier suspendu ?). L’ensemble c’est sans doute du 5.1 (max). Sans rappel ni déchaussage, nous sortons de la face à peu près droit puis légèrement rive droite puisqu’il nous faut revenir au colle del Gran Paradiso après le glacier de la Noaschetta. Le bas est donc différent de celui décrit dans les liens précités : venant de la vallée pour un aller-retour, il est assez logique que les skieurs de novembre 2011 aient emprunté le premier couloir permettant d’accéder au névé suspendu.

DME après la sortie rive droite de Ceresole ©JBM
En été, c’est plutôt rocheux © xx/summitpost

J3. Le coin est trop beau, nous avons du temps, une nuit de plus ici ne sera pas de refus ; et la descente de Victor Emmanuel est aux 3/4 sèche. Mais il y a moyen de skier presque jusqu’à Pont par le haut vallon de Seyvaz. La face ouest du Ciarforon permettra d’agrémenter les plats et de clore un séjour pas exténuant mais assez bien rempli avec ces quatre sommets.


Messages et Commentaires ...
  • 5 janvier 2012 JIB - Paradis

    Entièrement d’accord avec la cotation 5.2 pour cette magnifique face. Pourtant le Ripido propose la face voisine du Petit Paradis -à juste titre à mon goût- en 5.2. L’inclinaison est peut-être un poil plus forte au Petit Paradis mais la face est moins longue. Quelle ampleur que ce secteur de la Tribolazione, très glaciaire !
    Par curiosité, quelles étaient les cotes des "allumettes" de l’époque ?

  • 12 janvier 2012 Jerome Gingreau - Punta Ceresole

    Apparemment cette punta Ceresole est la meme skiee par Remy Lecluse et Glen Plake en ce debut de saison, juste ? voir ici, disons qu’ils ont termine le boulot en skiant le petit couloir d’acces en bas, seulement la moitie d’une premiere donc ;)

  • 12 janvier 2012 VSH - hum

    Vu la date de notre descente (1993) et le caractère évident du passage entre Tribolazione et Noaschetta, il serait surprenant que nous ayons été nous-mêmes les auteurs d’une "première".

  • 12 janvier 2012 VSH - en italien

    Puisqu’on parle toutes les langues ici, ceresole était aussi à l’honneur en 2010 sur gulliver

  • 28 janvier 2012 rémy lecluse - punta de ceresole

    Salut à tous

    Skiant fréquemment la face Est de Grand Paradis, (certains printemps 4 à 5 fois avec des clients) je pense que cela ne vaut pas plus que 5.1 même en skiant depuis le sommet, avant que Ripido paraisse je la donnai 4.3 à mes clients...
    Pour le petit couloir du bas à Ceresole, il est sensiblement plus long que la face E du Grand paradis et un peu plus délicat...
    De nos jours grâce au recul glaciaire, la descente de La Tribolazione sur Valnontey se fait sans avoir à remonter vers le Bivouac Leonessa : la descente est exceptionnelle. Tard en saison ou par faible enneigement : attention une cascade barre le couloir de sortie ; astuce à trouver ou combi néoprène !
    Bon ski
    Rémy

  • 7 février 2012 VSH - cotation…et matos

    Salut Rémy,

    Cotations. Je ne discuterai évidemment pas ton appréciation sur le couloir d’accès à Ceresole que je n’ai pas skié. Pour la face est du Paradis, 4.3 aurait été vraiment sévère, et la faire "avec clients" ne change pas grand’chose à mon avis. Nous l’avions jugée dans le même registre que la Nord-Est des Courtes qui reste 5.2, même après avoir été descendue en une minute par un héliskieur équipé de gros skis. Certes, avec une inclinaison identique c’est deux fois moins long, mais il arrive souvent d’avoir des choses différentes dans une même cotation (à moins de mettre des + ou – à n’en plus finir). Mais bon entre 5.1 et 5.2 je n’en ferais pas une maladie. D’une façon générale les bons skieurs (comme parfois les grimpeurs) ont une tendance naturelle à tasser les cotations vers le bas afin d’avoir une plus grande finesse dans les niveaux qu’ils fréquentent le plus. Nous nous efforçons d’éviter cette dérive.
    Voir ici
    et là

    Cela dit nous parlons le même langage. Je n’en dirais pas autant d’un autre guide de Chamonix. Dans son article du n° 373 de Montagnes Magazine (décembre 2011), Jean-François Hagenmuller présente une juxtaposition de cotations qui peut prêter à confusion pour les lecteurs de cette revue habitués à la cotation Toponeige. On trouve du "AD+ (3.3)", " PD (2.2)" alors qu’en général 3.3 à skis correspond à F ou PD- en alpinisme, 2.2 à R ou F etc. Dans le même article ( "A l’Est des Aiguilles-Rouges"), on relèvera une autre dérogation aux usages de ce magazine. Dans la bibliographie – petite - qui clôt l’article, JFH ne cite que son propre ouvrage, "oubliant " ses prédécesseurs ayant couvert le même terrain : Albasini (CAS), Labande (Olizane), Baud (Nevicata), Mang (Volopress)…

    Matos. Je profite de l’occasion pour soulever une question sur le Mythic Light. J’ai cru comprendre que tu avais participé à la mise au point de ce ski. J’en ai acheté une paire en 165 cm et j’ai été très surpris par la cote de montage indiquée sur les skis…mais trop tard : ils étaient déjà percés et montés par le technicien qui a scrupuleusement suivi le repère donné par Dynastar. Je ne m’en suis aperçu qu’à l’usage. Ce repère se trouve selon moi 2 cm en avant, même en considérant la partie hors-sol (pas toujours !) du talon. Avec le même technicien nous avons vérifié le "point d’équilibre" sur une paire nue de même taille et avons retrouvé cette avancée de 2 cm. J’avais fait la même remarque sur le Vertical 75 mm (série orange 2004) et avais du repercer pour avoir un montage conforme à un ski de rando : les magasins que je fréquente en avaient d’ailleurs tenu compte en avertissant leurs clients et, avec leur accord, leur montaient le ski en arrière de la cote indiquée. Comme le ski suivant chez Dynastar - le Powder - n’avait pas ce défaut-là, je n’ai pas demandé au technicien qui a monté les Mythic de vérifier.

    D’où mes questions :

     s’agit-il d’une erreur ou est-ce volontaire ?
     qui est responsable de cette cote avancée ?
     se trouve-t-elle dans toutes les tailles ?

    Il serait surprenant que ce soit volontaire : avec son poids et sa géométrie, le Mythic Light ne peut pas être considéré comme un ski de piste-hors-piste mais comme un authentique ski de rando (il est positionné comme tel par Dynastar). J’ai donc tendance à considérer que ce montage très avancé est une erreur. Et, renâclant à l’idée de repercer un ski neuf de ce prix, je souhaiterai savoir quel service contacter pour effectuer, si l’erreur est admise, le remplacement auprès du magasin où je l’ai acheté (Montagne Aventures à Grenoble).

    Merci d’avance pour les précisions que tu apporteras : elles pourraient intéresser d’autres acquéreurs de ce ski.

  • 27 février 2012 Rémy Lécluse - Matos et cotation

    Salut Volodia,

    Excuses moi de répondre tardivement mais je suis plus sur les lattes que sur le PC en ce moment !

    Pour la cote de montage du Mythic light, je ne sais pas trop quoi te répondre : ce "problème" n’a jamais été soulevé avant.

    Pour moi 2 hypothèses :

     le moule utilisé est celui du Mythic Rider, ski destiné au hors piste (pardon freeride !)donc il parait logique que la cote de montage soit similaire ;sur mes 178 c’est le cas.
    Cela fait 3 ans que je skie ces skis
    (6 paires)sans que cette cote de montage me gène, au contraire d’un point de vue skiabilité.
    Autre point qui peut être à l’origine d’un décalage : le modèle de chaussure, les Scarpa Spirit 3 et 4 avaient des inserts frontaux décalés vers l’arrière...de 5mm par rapport à la majorité des modèles du marché...
    Les skimen doivent en tenir compte lors du montage avec le gabarit Lowtech.

    Pour les cotations, je ne veux pas pinailler.
    Quand, je met une cotation technique à une pente, je tiens compte de la probabilité de la trouver en neige facile à skier, ce n’est pas toujours le cas de la NE des Courtes à cause du vent de N alors que la face E du Grand Paradis est très, très facile à trouver en bonne neige,ce qui à mon humble avis à pente égale rends la descente bien plus simple.
    D’autre part, c’est un peu une couenne alors qu’avec la NE, on prends un peu de hauteur...
    J’espère que tu vas bien.
    Cordialement
    Rémy


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