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Croisière Blanche : une première condamnation

dimanche 25 janvier 2009 par La rédaction

Ci-dessous un communiqué des associations qui s’opposent à la Croisère Blanche (manifestation motorisée dans le Champsaur, Parc des Ecrins)

Mountain Wilderness, Fédération Française des Clubs Alpins, Société Alpine de Protection de la Nature, France Nature Environnement, Paysages de France, CIPRA France, Ligue de Protection des Oiseaux, SOS Environnement Haute Durance, Embrun Ecologie, la CALME (Coordination pour l’Adaptation des Loisirs Motorisés à l’Environnement)

La Croisière Blanche condamnée par les Juges ; la Préfète des Hautes-Alpes mise devant ses responsabilités

Lassées par les trop nombreuses sollicitations restées lettres mortes qu’elles engagent depuis des années auprès des pouvoirs publics locaux afin que soit supprimée l’organisation de la Croisière Blanche au sein du Parc national des Ecrins, les associations ont décidé de s’en remettre à la justice.

Aussi, par un jugement du 24 Octobre 2008, le Tribunal de Police de Gap a condamné les organisateurs de la Croisière Blanche pour l’un des motifs dénoncé depuis toujours par nos associations ; le non respect, par ses bénéficiaires et organisateurs, des conditions imposées par l’autorisation préalable à la manifestation et octroyée par la Préfecture.
En l’occurrence, de nombreux participants ont été surpris lors des éditions 2007 et 2008 de la Croisière Blanche à s’engager dans des espaces naturels non autorisés. Cela a donné lieu à des procès verbaux et à des constats d’huissier menant à la condamnation des organisateurs.

Cette victoire ne s’arrête pas là puisque par un jugement en date du 23 Décembre 2008, le Tribunal Administratif de Marseille a, à la demande de l’association Mountain Wilderness, prononcé l’annulation de l’arrêté d’autorisation préfectorale accordée aux Grands Randonneurs Motorisés pour la Croisière Blanche 2006.
Mickael Bouillin, le juriste bénévole de l’association Mountain Wilderness, précise que " le juge administratif a rappelé aux autorités compétentes le principe général que pose la loi Lalonde de 1991 à savoir l’interdiction de circuler en véhicule à moteur dans les espaces naturels.
Cette position ne pouvait qu’être confortée par l’intérêt du site qui, rappelons-le, abrite de nombreuses espèces protégées (dont le Tétras Lyre), des sites d’intérêt communautaire, un nombre important de ZNIEFF et qui constitue la zone périphérique du Parc national des Ecrins. "

Cette décision essentielle a pour objet d’interpeller la Préfecture s’agissant de l’illégalité des autorisations qu’elle accorde chaque année aux Grands Randonneurs Motorisés et précise que cette manifestation, en raison de son importance même, n’est pas compatible avec l’exigence de protection des espaces naturels sensibles dont la charge incombe à l’administration ; préfectorale y compris.

Nos associations ont par conséquent sollicité Madame le Préfet des Hautes-Alpes qui, bien que face à une nouvelle demande formulée par les Grands Randonneurs Motorisés pour l’organisation de la Croisière Blanche 2009, devra pourtant prendre acte de ces décisions de justice puis adopter les mesures nécessaires afin de faire cesser cette manifestation illégale et manifestement inadaptée aux milieux concernés.

Nos associations ne comprendraient pas qu’une 32ème édition illégale de la Croisière Blanche soit à nouveau autorisée. Elles demandent expressément à ce que les autorités publiques locales prennent leurs responsabilités et, dans le pas du Gouvernement, adoptent les principes développés dans le cadre du Grenelle de l’Environnement.

Une délégation de représentants de nos associations a demandé a être reçue par Madame la Préfète samedi 24 janvier à 11 h 30 à la préfecture de Gap.
Les associations invitent à un rassemblement symbolique pour accompagner cette délégation. Rendez vous est fixé à l’esplanade de la Paix à Gap samedi 24 janvier à 10 h 30.

Contacts presse :
Hervé Gasdon (SAPN) : 06 32 64 78 56 et Vincent Neirinck (Mountain Wilderness) : 04 76 01 89 08


Messages et Commentaires ...
  • 27 janvier 2009 Daniel Rouzier - Le Croisière Blanche 2009 stoppée

    Communiqué de :

    Gap, Grenoble, Paris, ce lundi 26 janvier 2009, 17H.

    La délégation française de l’association internationale Mountain Wilderness (MW France),
    La délégation française de la Commission internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA France),
    La Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM)
    L’association ‘Paysages de France’,
    La Société Alpine de Protection de la Nature des Hautes-Alpes (SAPN 05),
    L’association ‘SOS Environnement Haute-Durance’,

    avec le soutien de la Coordination nationale pour l’adaptation des loisirs motorisés à l’environnement (CALME)

    communiquent

    Par ordonnance de ce jour, le Juge des référés du Tribunal administratif de Marseille, statuant en urgence, a suspendu l’arrêté du Préfet des Hautes-Alpes, autorisant la "32ème Croisière Blanche Vulco ".

    Après avoir obtenu l’annulation a posteriori de l’arrêté autorisant la course en 2006, c’est une victoire de plus pour Mountain Wilderness et les autres associations du collectif d’opposition à la ‘Croisière blanche’, qui obtiennent cette fois la suppression pure et simple de cette manifestation motorisée en 2009.

    La Préfecture, à défaut d’avoir pris acte du jugement d’annulation de l’édition 2006 de la ‘Croisière Blanche’, devra cette fois prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher matériellement le déroulement du rassemblement dès la première heure de sa convocation, ce mardi 27 janvier 2009.

    Nos associations restent vigilantes et veilleront sur le terrain à ce que la décision du Juge des référés soit respectée.

    Mickaël Bouillin, juriste bénévole de l’association Mountain Wilderness France, se félicite de " l’aboutissement de longs combats sur le terrain mais aussi et surtout d’une stratégie juridique qui a porté ses fruits ".

    La décision du Juge des référés démontre une fois de plus que les services de l’État ne peuvent laisser se dérouler une concentration aussi importante de véhicules motorisés, en périphérie immédiate du Parc National des Ecrins, au milieu de nombreux sites naturels sensibles bénéficiant de protections nationales et communautaires (zones Natura 2000 et Zones importantes pour la conservation des oiseaux, notamment).

    Cette manifestation" sportive " est en totale contradiction avec les objectifs de préservation et de valorisation du Champsaur et du Valgaudemar qui méritent une attention de tous, y compris de l’Administration préfectorale.
    Une fois encore, nos associations se déclarent prêtes à étudier avec les acteurs locaux tout projet alternatif de mise en valeur et de développement durable de la région.

  • 28 janvier 2009 laurent Crépin - vers la sanctuarisation des espaces montagnard ?

    Travaillant dans le haut Champsaur depuis peu mais fréquentant ses pentes en ski de rando depuis de nombreuses années, je m’interroge aujourd’hui sur l’interdiction de l’édition 2009 de la croisière blanche. Je suis moi même bien loin de la "culture 4*4" et plutôt un amateur d’espace sauvages et préservés.

    Mais dans cette lutte contre la croisière blanche quelque chose sonne faux. En fréquentant les personnes vivant dans cette vallée, on s’aperçoit qu’une grande majorité est favorable à cette manifestation et qu’une grande frustration nait de cette interdiction. Sur cet espace naturel haut Champsaurin à la fois sur-aménagé et à la fois sauvage et préservé vit une population toute aussi contrastée dans sa pratique de ces espaces. Le randonneur est aussi chasseur, l’agriculteur pisteur ou moniteur, l’accompagnateur en montagne passionné de 4*4, etc...La montagne est une partie très importante du territoire champsaurin, pratiquement chaque petite butte, combe ou même cailloux à un nom, elle reste, même dans ces parties les plus sauvages, fortement marquée par l’Homme et ceci depuis des siècles (en témoigne par exemple le canal du chaillol).

    La croisière blanche dure 2 ou 3 jours, elle emprunte des pistes forestières souvent enneigées apportant des nuisances comme le bruit, l’émission de gaz d’échappements, la déterioration des chemins. Mais c’est aussi une aubaine pour les commerces de la vallée, la clientèle est souvent aisée et très dépensière à l’opposé du randonneur à ski qui lui ne participe que très modestement à l’économie de la vallée venant parfois de Grenoble à la journée, participant lui aussi a un dégagement important de co2 pour une activité de loisir.

    Globalement les gens ne comprennent pas cette interdiction. On les déposède de leur territoire. L’amalgame est vite fait entre l’anti croisière blanche et le randonneur urbain écolo qui se gare n’importe comment le dimanche à Archinard ou aux Richards.

    Je pose alors la question, pourquoi finalement s’opposer à cette manifestation ? Certes, l’image des 4*4 dans la poudreuse immaculée est choquante mais est-elle vraiment si polluante si elle est bien encadrée.En interdisant la croisière blanche ne veut-on pas faire un pas de plus vers la sanctuarisation de la montagne sans tenir compte des populations qui y vivent toute l’année. Cette manifestation est ponctuelle, d’autres projets d’aménagements définitifs sont pour moi autrement plus dangereux...

  • 29 janvier 2009 Etienne LAURAS - d’autres solutions

    Je ferai une réponse courte à Laurent Crépin.
    L’interdiction des loisirs motorisés doit être générale et respectée !!
    En effet chaque village, chaque micro région peut justifier d’une manifestation du genre croisière blanche en pretextant un souci économique, un besoin pour travailler, une nécessité pour le développement.
    Si on autorise les 4x4 pour le Champsaur, d’autres le demanderont avec des justifications similaires. De plus, on ne fait pas vivre un village avec 3 jours d’activité par an... (il n’y a qu’à regarder les stations de ski qui tournent 4 mois par an : pas riches !)
    Alors, trouvons d’autres axes de développement, et une association comme Mountain Wilderness a proposé pas mal d’idées.
    Le département des Hautes Alpes vit avec un trésor caché qui tôt ou tard vaudra une fortune : l’authenticité.


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