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UNE VIE PLEINE DE PROMESSES

mercredi 11 avril 2007 par BACLE Carole

Mon fils Antonin a disparu à l’age de 20 ans dans la face nord-ouest des Ecrins qu’il gravissait avec deux compagnons du même age, Christophe et Lucas. Jeudi 5 avril, après un coucher de soleil magnifique, ils avaient bivouaqué à la Bérarde en compagnie d’une amie. Vendredi ils sont partis très tôt, remontant le glacier de Bonnepierre avec leurs skis qu’ils laisseront à la rimaye. Ils ont probablement gravi tout le couloir, puis attaqué la partie rocheuse de la voie Mayer-Dibona. Ils devaient sortir au sommet et revenir par le col des Ecrins.

Antonin connaissait bien cette face. L’hiver 2006, avec son compagnon Boris, ils avaient remonté tout le couloir de la Mayer-Dibona avant de le redescendre à skis dans le mauvais temps et une neige difficile. Quand il m’en a parlé à son retour, je savais parfaitement de quoi il s’agissait. Deux ans plus tôt, au cours d’une randonnée à la brèche de la Somme, alors que je demandais à Volodia de me faire le tour d’horizon des sommets, j’avais été frappée par l’ampleur et la raideur de cette face. Et je m’étais interrogée comment on pouvait avoir l’idée d’aller là-bas avec des skis.

Antonin était plutôt discret. En consultant maintenant son album photo, je découvre que cette même année, il avait déjà skié d’autres grands couloirs comme la brèche Cordier dès l’automne (avec Lucas Mistral), puis le glacier Long de l’Ailefroide (avec Boris Langenstein). Je découvre aussi toutes les voies d’alpinisme parcourues dans les Ecrins en un si court laps de temps (deux saisons) : pilier sud des Ecrins, faces nord et sud de la Meije, je crois aussi la face nord de l’Ailefroide centrale…

Antonin avait décidé d’embrasser une carrière sportive et s’entrainait assidument en escalade comme en glace, sans oublier de parfaire sa condition physique. A l’automne 2005, j’étais allé le chercher à Chambéry. Parti de la maison à Grenoble pour commencer par la Bastille, il venait de traverser la Chartreuse en autonomie totale (et en douze heures je crois). L’hiver suivant, Benoit, son père, le dépose à 14 heures à Chamrousse. Le lendemain matin, en compagnie d’Yves, je pars à sa rencontre sur le glacier de Gleyzin : un peu plus tard, sur la terrasse du restaurant de la Bourgeat Noire baignée de soleil, ses yeux brillaient encore de tous les paysages de Belledonne qu’il venait de traverser seul à 19 ans.

Antonin était aussi un peu rebelle, hostile à la société de consommation, détestant les achats inutiles, profondément attaché à la nature. Ses études avaient un moment pâti de sa passion pour la montagne, et puis il s’était ressaisi et voulait mener les deux de front. Cette année, tout semblait lui sourire : les études entreprises en vue d’une licence de Géographie et ses examens pour l’aspirant-guide. Il venait juste d’apprendre que sa liste de courses était acceptée par l’Ensa et était convoqué pour le premier test technique de l’aspi (le ski).

Le destin en a décidé autrement : une chute vertigineuse sur le glacier de Bonnepierre a mis fin à une vie pleine de promesses.



Ala Bérarde en 2006 avant d’aller skier le Mayer-Dibona

En haut du Mayer en 2006

Dans la Grande pente : la glace n’est pas loin

Dans le goulet du Mayer-Dibona

Descente du glacier Long d’Ailefroide

En haut de Neige Cordier

Dans le couloir est de brèche Cordier

Après le couloir de la brèche Cordier : c’est l’automne

Antonin en Free-style au col de Porte

Antonin à 12 ans au sommet du rocher Blanc

Escalade en face sud de la Meije

En cascade de glace vers la Grave

Dans les Ecrins, Antonin étrait radieux
Messages et Commentaires ...
  • 11 avril 2007 jules ARNAUD - président des cyclotouristes grenoblois

    je ne connaissais pas Antonin, mais Carole sa maman, adhérente de notre club de cyclotourisme depuis 1 an.Je suis attristé par la disparition brutale d’un jeune,victime de sa passion.
    nos pensées vont en ce moment douloureux de la vie, à ses parents et ses frères. Tant de souvenirs et d’investissements humains balayés en quelques secondes.
    Nous avons pu constater que Carole était une batante,et nous lui souhaitons toute l’énergie necéssaire pour surmonter l’abîme qui vient de s’ouvrir.
    le bureau directeur des CTG et ses 150 adhérents, s’associent à votre immense chagrin.

  • 12 avril 2007 Elève CFMM - Vivre sa passion jusqu’au bout...

    1 an dans la même classe qu’Antonin suffi à voir à quel point il adorait la montagne. tu es parti trop tôt mais ta passion n’aura jamais été altéré. grande pensées a toi : "la légende"

  • 12 avril 2007 daniel bertholet (DBL) - une pensée pour Antonin

    Je cite Gaston Rébuffat de mémoire : "il avait compris la différence entre vivre et simplement exister" je pense que cette phrase colle parfaitemnt au destin d’Antonin. Beaucoup de courage à toi, Carole, et à tous tes proches.

  • 12 avril 2007 élève cfmm - une raison de vivre...

    une année en cours aussi avec Antonin, tout simplement un passionné, un montagnard aguérri, fort endurant, physiquement comme mentalement..tu as quitté ce monde en vivant ta passion, une légende comme une personne l’avait surnommé en raison du temps reccord qu’il avait mis pour monter au Torchon..on pense tous tres fort a toi

  • 14 avril 2007 Bacle Carole - Milles mercis

    Je vous remercie tous pour vos temoignages de soutien et d’ encouragement pour reussir à faire face à la vie sans notre Antonin qui nous était si cher à sa famille et à tous ses amis innombrables.

  • 14 avril 2007 aymeric genevois - pensée pour antonin

    Une grande pensée a toi anto avec qui j’ai passé deux années exelente aux cfmm.Ce fut un honneur d’avoir été ton ami.Beaucoup de courage a sa famille et ses amis. Adieu anto

  • 16 avril 2007 Rivaud manu - Du courage

    Bonjour à tous,

    Hier nous avons avec quelques amis skié cette belle face nord du Crozet dans Belledonne. De retour au parking, on est resté silencieux deux minutes en hommage à notre ami et compagnons de grandes aventures Alban Busatta, décédé l’an passé avec Fabrice Roux au Pelvoux. Alban et Fabrice avaient 24 ans, étaient très bons grimpeurs, toujours optimistes, investis et moteurs, comme Antonin il me semble, ou Christophe ou Lucas que je ne connaissais pas. Le scénario qu’on a pu que supposer est sans doute le même. Méfiez vous tous des couloirs et de cette "putain de liste de courses". Par ce petit message je souhaite le meilleur courage à sa famille et ses proches. Je peux vous assurer qu’en repensant parfois à des compagnons importants disparus, des frères, on ne pleure pas toujours.
    Manu.

  • 17 avril 2007 L.Humeau/CFMM - Salut Antonin

    Ici au CFMM nous sommes tous boulversés par ton départ, cela nous touche au plus profond de nous même...Nous aurions tant aimés que tu parviennes à atteindre l’objectif qui t’avait amené à passer quelques années avec nous. La montagne t’a pris avant que tu n’y parviennes et nous en sommes attristés. Nous gardons de toi un excellent souvenir et pensons très fort à ta famille, sachant bien ce que cela doit faire de perdre un fils ou un frère...

  • 20 avril 2007 Rome - Il aimait la nature

    L’institut de Géographie Alpine où est inscrit Antonin vient d’apprendre sa disparition, ce 20 avril. L’ensemble des collègues et des étudiants est choqué par cette douloureuse nouvelle. L’équipe enseignante adresse à sa famille ses plus sincères condoléances.

  • 24 avril 2007 Etienne TOURNIER CFMM - tes yeux Antonin

    Quand j’ai appris la nouvelle de ton décès il m’a fallu un peu de temps pour retrouver ton visage au fond de ma mémoire...
    ce sont tes yeux dont je me suis souvenu en premier. tes yeux pleins de vie, de souvenirs, de rêves !
    tes yeux pétillants ! Ce sont eux dont je me souviendrai maintenant en pensant à toi.
    Que dire enfin à tes parents, tes frères, dans l’espoir de soulager leur peine ?
    les mots me manquent alors que l’intention est sincère.
    Adieu Antonin, tu as maintenant l’éternité pour parcourir les montagnes du monde !

  • 27 avril 2007 Elève du CFMM - Hommage à Antonin

    Atristé devant ce qui c’est passé, nous sommes nombreux dans la douleur à penser à toi Anto, notre pote de classe. Même si tu était quequ’un de discret, on pouvait percevoir en toi quelque chose de fort... et ce pour la montagne. Elle t’a toujoirs attirée, passionnée, animée, elle était ta raison de vivre.
    Adieu anto on pensera toujours à toi lorsque l’on sera en montagne !
    Tes potes de classe

  • 2 mai 2007 benoit - anto

    anto, mon camarade de classe et de chambre durant cette belle année de deuxième terminale. je ne t’oublirais jamais mon ami. une grande pensée a ta famille.

  • 5 mai 2007 charlie - Pr Anto

    Quelle tristesse de ne plus te voir débarquer sur ton vélo à l’IGA, je me sens un peu seul maintenant tout en haut de l’amphi jpeux plus regarder les topos ac toi et me dire "tiens cette voie je la fairait bien !". Et quand on été aller grimper aux lames un samedi et qu’on s’était dit qu’on pourrait y aller après les cours des fois... Aussi en soirée géo on s’était promi d’aller faire la voie de la grotte ensemble au rocher du midi, j’y suis aller il y a deux semaines et j’ai bcp pensé à toi, c’est un peu comme si on était ts les deux nn ? C’est vraiment dommage tu était trop jeune, tu aurais pu attendre un peu la vie te promettait un grd bonheur ac la passion et la joie de vivre que tu avais.
    Je pense comme Manu : il ne faut pas vouloir aller trop vite et se mettre la pression et se monter la tête ac le guide et cette putain de liste...
    Je souhaites bcp de courage à tte sa familles et ses amis ainsi qu’à ceux de ses deux compagnons.

  • 2 juin 2007 Lionel Confort, Formateur CFMM, Guide de haute montagne - Merci Antonin et adieu.

    Antonin ton départ brutal me fait mal, toi qui comme moi étais passionné par les montagnes et tout particulièrement celles de l’Oisans. Il est vrai qu’elles sont belles ces montagnes de l’Oisans ! Elles exercent sur nous alpinistes, un irrésistible désir de les gravir. Faire leur ascension procure un indicible sentiment de communion avec cette nature sauvage. Se rétablir sur un sommet à la sortie d’une voie, contempler et savourer, donne toujours un sentiment d’une liberté absolue : faire parti de la nature et surtout d’exister.
    C’est un sentiment assez égoïste, mais pourtant nécessaire pour se construire lorsque l’on est jeune et que l’on à trouvé un sens à sa vie. La vocation de guide vient de cette volonté que l’on a à vouloir faire partager cette expérience du sommet. Car tu étais bon Antonin, dans tous les sens du mot BON. Bon comme bonté et bon techniquement. Tu avais la vocation pour devenir guide et pour cela je suis fier de toi et heureux d’avoir pu, un petit peu, à ma façon guider tes pas.
    Je me souviens de ton regard lorsque tu étais arrivé au relais, après un rappel de 50 mètres en fil d’araignée, à la Savoyarde dans le massif des Bauges. Une voie que Pascal nous avait concoctée où tu faisais cordée avec Boris. J’ai regardé les photos de cette sortie d’escalade, mais on ne te voit que de dos !
    Je veux garder à jamais l’image de ton sourire au sommet de cette voie, lorsque dans la fraîcheur de cette fin de journée d’automne nous regardions le couché du soleil.
    Pour tout cela MERCI ANTONIN.
    Malheureusement, tu pars beaucoup trop tôt. Nous n’avons décidément pas tous la même chance. Car de la chance il en faut dans une vie d’alpiniste et ce ne sont pas " les listes de courses " qui rendent les montagnes attrayantes mais bien cette passion dévorante pour une montagne… Antonin connaissait bien les Ecrins, il en mesurait les risques.

    Mes pensées vont maintenant vers ta famille à qui j’adresse mes sincères condoléances.

    Adieu Antonin.

  • 13 juillet 2007 Pablo VICUNA - une pensée pour toi

    Salut Antonin,je ne t’ai pas connu mais savoir la mort d’un ancien élève du CFMM,me perturbe et je ne suis pas le seul.Aprés avoir compris le résumé de ta vie tu ne pouvais pas travailler dans un bureau, un seul mode de métier te préoccupait ainsi qu’un seul mode de vie,la montagne.Je suis impressionné par ta vie montagnarde et à présent tu m’inspires, et qui sait, peut-être que tu es au toit du monde et que je pourais t’admirer du seul rêve des alpinistes ou skieurs, l’Himalaya. Una grande pensée à toi et à ta famille.

  • 7 octobre 2007 Un ancien de cordée - Arvi Anto.

    Un peu tardivement, j’ai appris ton départ, trop tôt et trop vite ; la montagne ta rappelé à elle et tu l’a rejoint...

    Sois heureux la haut Anto veille sur un peu tout le monde et garde pour toujours cet amour de la montagne que tu avais.

    Arvi’ Pa !

  • 22 janvier 2008 bastien de termignon - une pensée pour vous venant de hte maurienne

    bonjour.. je suis un trés bon camarade de christophe décédé aussi dans ce tragique accident au coté d’antonin et de lucas je vien de lire votre temoignage et il m’a bcp touché je partage bien votre peine, mes pencées ce dirigent souvent vers ce tragique accident et j’essayerai de
    transmettre au futures générations les valeurs qui rassemblaient christophe,antonin et lucas... le respect de la nature, l’amour de la montagne.amicalement

  • 4 avril 2008 Stef - hommage

    Antonin lorsque j’entend ce Prenom ce sont de nombreux souvenirs qui reviennent. Ta personnalité m’a toujours touché car tu savais rester humble face aux faces, et aujourd’hui lorsque que je vais en montagne ou faire de l’escalade j’ai toujours une pensée pour vous. En ce jour m’a pensé va à toi, à ta famille, et tes amis.
    Demain avec les copains on va grimper, ce sera une belle journée !!!

  • 30 avril 2008 maxime - une pensée

    Je ne te connaissais pas Antonin mais je partage ta meme passion.J’ai 17ans et tente d’aller de plus en plus haut et de plus enplus difficile.Je comprend ta passion pour les ecrins et je connais cette voie.Des gens comme toi enrichissent la montagne et ne devraient pas partir si jeunes.je pense a toi et ta famille à qui j’addresse mes condoléances


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