Un bien beau circuit alpin que voilà ! Si j’avais été dispo, j’aurais bien aimé faire partie de l’équipe. Ma question concerne l’arête W de Marcieu que je n’ai pas eu le temps de parcourir pour mon topo Belledonne escalade. Lio tu parles de AD. Peux-tu me donner du détail ? Dénivelé et difficulté max. Est-ce qu’il y a des pas de 3 en rocher ou est-ce que le délicat venait de la neige présente ? La seule description trouvée à ce jour est celle de F. Germain qui le côte PD en terrain sec.
PS : Ton APN semble fatigué non ?

Salut Lio, n’étant pas spécialiste de la cotation alpine, j’ai repris ce que proposait Mick arrivé sur l’épaule. Aucun pas de 3 (ils sont au-dessus de l’épaule selon topo), mais qq passages où faut faire gaffe entre les assiettes de neige et le rocher Belledonien ; en particulier une rampe mixte (cf photo Mick sur son CR) qui pouvait être un point de non-retour, et vu qu’on avait pas pris de nouille....C’est passé avec les alus, mais contents de retrouver un couloir final en neige.

Sinon oui l’ixus 850 commence à fatiguer entre le déclencheur qui déclenche pas toujours et une gestion de la lumière qui devient difficile. Mais pour l’ultime photo c’est juste de la neige devant l’optique

Concernant l’arête W à l’Aguille de Marcieu. Il y a 200m de dénivellé qui se décompose ainsi (à la louche !) :
30/40m faciles, pas très raides et quasi tout en neige.
50m en neige raide (45/50°) mais quasi pas de mixte.
40/50m en rocher (III ?) ou/et mixte un peu délicat (ça gratonne souvent sous les crampons, acier de préférence :) >> rampes et vires (parfois à 4 pattes :) essentiellement.
70/80m en neige raide à 40/50° pour finir.
C’est peut-être un poil fort (quoique) par rapport à une AD haute montagne mais en même ce n’est pas comparable à un couloir en neige de la même cot. Je dirai même que c’est nettement plus délicat à remonter qu’un Coup de Sabre lorsqu’il est en conditions skiables où il suffit de savoir marcher.
En comparaison avec l’accès au sommet du Bec d’Arguille parcouru 10j avant et côté AD-, c’est un ton en dessus...après les cotations, c’est souvent un débat houleux ! Donc, aux suivants de vérifier !

Bon je lance donc le débat : qui va s’occuper de faire la révolution des cotations neige ? Elles ont été établies il y a fort longtemps quand remonter un Couturier se faisait en neige ultra béton avec un piolet canne de 80 cm de long et de 3 kg et des crampons 10 pointes. Avec le matos actuel, si on prend la neige transformée comme standard, remonter ce même couloir avec deux engins se fait en solo sans souci avec à peine un peu d’expérience. Et c’est clair qu’une telle arête à Marcieu est un exercice plus délicat en terrain hivernal, voire même en terrain sec. Il faudrait tout tasser : F tant qu’on marche en piolet canne (ou bâtons) ; PD pour les couloirs y compris avec des passages à 50° (en gros jusqu’au 5.2 ski) et on entrerait dans le AD au-delà ; le D étant réservé à l’entrée dans la glace (Dinf ou D par exemple pour la goulotte du Grand Van au Taillefer ?). C’est un pue l’idée reprise dans les topos neige/glace/mixte de Escande /Weiss avec l’inconvénient de créer une confusion avec les autres topos. Alors on fait quoi : chacun sa sauce ? on reste à l’ancienne ? ou une nouvelle cot’ neige ?

Je suis aussi de cet avis. D’ailleurs si on fait le parallèle avec les courses de rocher classiques, on voit bien que ça ne tient pas la route. Combien de pentes/couloirs côtés PD/PD+ se remontent les mains dans les poches voire en peaux alors qu’en rocher et même si ça reste facile on met tout de même les mains.
Enfin, si on compare encore, on remarquera que personne ne s’encorde dans ce type de pente neigeuse alors qu’inversement, je en suis pas convaincu qu’il y ait beaucoup de gens qui fassent par exemple la traversée des arêtes du Gerbier en solo aussi classique soit-elle...on est clairement pas dans le même niveau sans doute.

Heu désolé, je ne veux pas interrompre votre débat sur les cotations mais juste pour dire qu’aujourd’hui avec Joël on s’est servi le couloir bien réchauffé pour le coup. Nous ne l’avions jamais fait ni l’un ni l’autre, c’était l’occase. Dans le couloir les conditions restent bonnes, l’entrée s’abime un peu mais la suite ne bouge pas trop. Bonne neige froide tout du long. Croute (revenue à la descente) sur poudre dans le cone. En revanche la forêt ne passe plus à la montée comme à la descente skis aux pieds. Beaucoup de glace, la partie la plus engagée de la journée !

– Le débat n’est pas si nouveau. Les choses ont commencé dans les années 70 avec la révolution (technique et technologique) venue d’Ecosse. Assez rapidement les courses de glace pure ont été réévaluées (à la baisse). Jean-Marc Boivin avait fait sensation en "descendant" la voie des Suisses aux Courtes à D+. Et puis cela a paru évident.

– La glace et le mixte ont leurs propres cotations. Admettons que la neige dure avec l’équipement moderne entre dans cette catégorie. Mais la neige n’est pas toujours dure. Progresser en solo sur une neige meuble à 50-55° exige une certaine expérience (ça tient, ça tient pas ?…) et pour l’essentiel, le nouveau matériel (glaciaire) ne modifie pas la donne connue depuis plus d’un siècle.

– Le système qualifié d’ "ancien" est toujours d’actualité pour les courses de neige chez les auteurs de topos modernes, comme François Damilano pour le Mont-Blanc ou Sebastien Constant pour les Ecrins.

– Pour le premier :
Gervasutti classique, Jager, Couturier =D ; Spencer = AD+ ; Glacier du Milieu = PD+

– Pour le second :
Coup de Sabre, col E Pelvoux = D- ;
Breche Cordier, cols de la Pyramide = AD
Epaule de Chamoissière = PD

– Les cotations "Marche" du Toponeige sont conformes à celles de ces auteurs. Il n’y a pas lieu de s’en écarter.

– En revanche, les sections en rocher/mixte (non skiées) tiennent compte de l’état du terrain tel qu’il est pour le skieur (en général enneigé) : elles sont donc souvent supérieures à celle de l’été.